Introduction.
Le Cao Dai est la troisième religion du Vietnam. Elle a été fondée dans
les années vingt à Tây Ninh, près de Saigon, par un adepte taoïste nommé Ngô
Van Chiêun. C'est une religion syncrétique qui tente d'unifier les concepts du
bouddhisme, du confucianisme, du taoïsme,
du christianisme, de l'islam, du
judaïsme, et même de quelques formes locales d'animisme. Le nombre actuel des
fidèles est mal connu en raison de la situation politique du pays. Il se situe
entre deux et quatre millions dont les deux tiers étaient originellement
bouddhistes. Le Caodaïsme admet fraternellement tous les hommes de bonne
volonté sans distinction de croyance, de race, ni de rang social. C'est sur la
ferveur et les mérites des fidèles que se bâtit la hiérarchie. Les Caodaïstes
sont monothéistes. Ils croient en un seul dieu dont le même esprit s'est
manifesté chez divers grands sages et prophètes tels Lao-tseu, Confucius,
Bouddha, Moïse, Jésus ou Mahomet. On trouve aussi au Vietnam une autre religion
syncrétique assez analogue, issue du Bouddhisme, le Hoa Hao. Elle compte au
moins deux millions de fidèles et réunit bouddhisme, taoïsme, confucianisme et culte
des ancêtres, mais elle exclut les autres confessions.
Ngô Van Chiêun, le fondateur taoïste de la
religion caodaïste en 1919, était un fonctionnaire annamite, délégué
administratif dans l’île de Phu Quôc au Siam. Il pratiquait le spiritisme et
découvrit l'existence d'un monde occulte. Il travaillait avec des médiums qui
le mirent un jour en contact avec un "Esprit Supérieur" répondant à
l'étrange appellation de "Cao Dai", Le Palais suprême. En 1926, Ngô
Van Chiêun rencontra d'autres spirites qui utilisaient des tables frappantes
qu'ils remplacèrent bientôt par un accessoire préconisé par Allan Kardec, la
«corbeille à bec», dont la
tête écrit directement les messages reçus.
Les communications devinrent alors plus rapides, plus abondantes et moins fatigantes.
Le 24 Décembre 1925, jour de Noël, l'Esprit connu sous le nom de Cao
Dai se révéla comme étant l'Être Suprême et conseilla de le
représenter sous la forme symbolique d'un oeil toujours ouvert signifiant
l'omniprésence de Dieu. Usant de la voie spirite, la manifestation divine
évitait de soumettre la nouvelle religion à l'autorité morale d'un Père
fondateur qui aurait faire preuve d'intolérance. Favorisant ses propres
croyances et refusant les vérités proclamées par d'autres religions, il en eut
altéré l'universalité.
L'Oeil divin omniprésent
dans son triangle,
et le "Dai Ngoc Co",
la grande corbeille à bec
dont la pointe est sculptée
en forme de tête de phénix
dans son triangle,
et le "Dai Ngoc Co",
la grande corbeille à bec
dont la pointe est sculptée
en forme de tête de phénix
Le Cao Dai étonne par l'étendue de son syncrétisme
et de sa tolérance. Il surprend encore, et doublement, par l'utilisation du
symbole maçonnique de l'oeil ouvert dans un triangle, puis par l'utilisation du
canal spirite dans sa révélation fondatrice. Ce n'est pourtant pas, en soi,
plus scandaleux, (au sens étymologique), que l'illumination reçue par de
nombreux fondateurs. Les voies de Dieu ne sont elles pas impénétrables? Après
la révélation de la divinité de l'Esprit invoqué, Ngô Van Chiêun recruta plus
de vingt mille fidèles en deux mois. La nouvelle religion d'étendit rapidement
et il en devint rapidement le grand prêtre. Il fit construire près de Saigon la
cathédrale de Tay Ninh avec dôme et clochers. C'est un temple immense et
merveilleux qui comprend une longue et haute nef très décorée appuyée sur des
rangées de colonnes enroulées de dragons. Au fond se dresse un autel sur lequel
repose une énorme sphère lumineuse représentant l'univers. C'est le "Globe
du Très-Haut", fait d'une ossature de bambou tendue d’étoffe transparente.
Il est illuminé de l'intérieur par une lampe perpétuelle qui figure l'âme de
tous les vivants. L’œil rayonnant de Cao Daï y est représenté sur un fond de
nuages et d’étoiles.
Le Globe du Très Haut - Cliquez pour agrandir
Le Cao-Dai et le Hoa Hao ont parfois des attitudes surprenantes. Issues
du Bouddhisme, ces groupes sont végétariens et s'interdisent le meurtre et la
violence. Cependant, à partir de 1940, ils se politisèrent et constituèrent des
milices armées qui intervinrent dans les conflits régionaux. L'armée privée du
Cao Dai soutint ainsi les envahisseurs lors de l'invasion japonaise. Associée à
de nombreuses dissensions internes, cette attitude amena l'autorité coloniale
française à fermer les temples et à en déporter les dirigeants à Madagascar en
1941. Après la guerre, la situation s'améliora progressivement et la liberté
des cultes fit rétablie. Pendant le conflit indochinois, le Coa-Dai joignit
d'abord le front du Viêt Minh puis appuya l'armée française. En 1954, les accords
de paix signés à Genève mirent fin à cette situation ambiguë, mais les groupes
armés religieux restèrent en activité. Le Président du nouveau Vietnam, Ngö
Dinh Diêm, décida alors de briser la puissance de ces milices privées en
les intégrant de force dans l'armée nationale. En 1956, les hauts dignitaires
s'engagèrent enfin à revenir à des activités strictement religieuses, rendant
au Cao-Dai sa traditionnelle sérénité.
Le grand temple de Tay Ninh
La religion du Cao Dai
Le Caodaïsme est une doctrine visant essentiellement à la fusion des
trois principales religions de l'Orient, le Bouddhisme, le Taoïsme, et le
Confucianisme, dont elle recommande de vénérer les fondateurs comme l'on vénère
le Christ en Occident. Pour réaliser l'unité fraternelle des religions,
le Caodaïsme pratique une très large tolérance envers toutes les formes
de foi religieuse, acceptant même les adeptes de l'antique "Culte des
Génies" et ceux du Christianisme. L'appellation Cao-Dai est le nom
symbolique choisi par l'Être Suprême qui s'est révélé au fondateur de la
nouvelle religion par la voie de la médiumnité. Le Caodaïsme tend à concilier
toutes les convictions religieuses tout en s'adaptant à tous les degrés de
l'évolution spirituelle. Le Caodaïsme croit en un seul Dieu, c'est à dire à un
grand Être dont l'Esprit s'est manifesté aux grands sages et aux prophètes tels
Moïse, Jésus, Mahomet, Bouddha, Confucius et Lao-tseu. L’Être suprême, s’était
déjà manifesté dans Bouddha et Jésus-Christ au cours des deux grandes périodes
antérieures. C'est pourquoi le nom complet du caodaïsme est "Daï dao tam
ky phô do" qui signifie "la grande voie de la troisième
période qui délivre les âmes captives aux enfers". Les caodaïstes
nomment cette délivrance « amnistie ».
Inspirée pour une grande part des doctrines des anciennes
religions orientales, le Caodaïsme en reconnaît les principes comme étant
des vérités éternelles, exprimant la Loi Divine essentielle. Cependant,
lorsqu'elle considère que certaines de ces vérités ont été altérées ou déformées
par la superstition ou l'ignorance, la nouvelle religion se propose de rétablir
leur véritable sens. L'enseignement général du Cao-Dai est résumé dans les
formules suivantes. Au plan moral, il rappelle les devoirs de l'homme envers
lui-même, sa famille, la société et l'Humanité. Au plan philosophique, il
enseigne le mépris des honneurs, de la richesse, du luxe et des servitudes
liées à la matière et préconise la recherche de la tranquillité de l'âme. Au
plan cultuel, il prône l'adoration de Dieu, Père de tous, et la vénération des
Esprits Supérieurs. Le Cao-Dai admet le culte des ancêtres mais proscrit les
offrandes carnées et les papiers votifs. Au plan spiritualiste, il croit en la
survivance de l'âme et à son évolution par les réincarnations, ainsi qu'aux
conséquences posthumes des actions humaines réglées par la loi du karma. Au
plan vue initiatique, il révèle aux adeptes qui s'en montrent dignes, les
vérités permettant d'engager le processus d'évolution spirituelle menant à la
béatitude.
Le nombre des fidèles caodaïstes exige un important clergé. Il
comporterait 3.115 membres élus et hiérarchisés dont un Pape, (Duc Giao
Tông), 3 Cardinaux Censeurs, (Chuong Phap), 3 Cardinaux
régulateurs du culte, (Dâu Su), 36 Archevêques, 72 Évêques et 3000
Prêtres. Le fondateur avait prévu un Bouddha, deux ou trois Immortels, trente
six Saints, soixante douze Sages, et trois mille Prêtres. Les tenues
sacerdotales sont distinctives. Le Pape porte une robe blanche brodée
du "Bat Quai", (les 8 trigrammes) et il
est coiffé de la Mitre pontificale. Les 3114 autres dignitaires sont
répartis en trois branches portant des tenues de couleurs différentes.
Les "Thai Thanh" représentent la branche du
Bouddhisme et portent des vêtements jaunes. Les "Thuong
Thanh", les Taoistes, sont vêtus de bleu, et les "Ngoc
Thanh"confucianistes sont en rouge. Dans les trois branches, il y a un
nombre illimité d'élèves-prêtres. Comme les fidèles, ils sont vêtus de blanc.
Un collège féminin a ses propres dignitaires avec une "femme cardinal"
à sa tête. Cette Vénérable a les mêmes devoirs et les mêmes pouvoirs que ses
homologues masculins. Elle a donc autorité sur les prêtres masculins.
Cependant, le collège féminin n’est pas éligible pour occuper les titres de
Pape ni de Censeur.
La structure hiérarchisée du clergé reflète le schéma de la conception du
Monde selon le Cao Dai. On retrouve le même concept trinitaire dans
l'architecture du grand temple de Tay Ninh. Au fond se situe le "bát-quái-Çài",
le Temple Octogonal de la Direction Divine. Il figure l’âme de la religion. On
y trouve l’autel consacré à Dieu et aux esprits supérieurs, tels les bouddhas,
les immortels, les saints et les génies. C'est la partie très sacrée du
sanctuaire, réservée au divin. Plus bas, on trouve le "hiŒp-thiên-Çài",
le Temple de l’Alliance Divine. Il représente l’organe de la communication
entre le monde invisible et le nôtre. C'est également un lieu sacré qui est
réservé au pouvoir spirituel. Les plus hauts dignitaires s'y mettent en liaison
spirite et spirituelle avec la divinité et ses émanations, et ils y élaborent
les lois religieuses. Enfin, plus éloigné de l'autel, s'étend la grande nef
du "cºu-trùng-Çài", le Temple des Neuf Degrés de
l’Évolution, qui représente le corps de la religion, la partie physique du
Monde. Cette partie du temple est accessible à tout le clergé, des plus hauts
dignitaires jusqu'au reste de la hiérarchie. On y célèbre les offices et les
divers actes du culte. Les hommes s'y tiennent à droite et les femmes à
gauche, et ils gagnent les étages par des escaliers différents.
Les adeptes du Caodaïsme se répartissent en deux degrés, le "thuong
thua", le degré supérieur, et le "ha thua", le
degré inférieur. Tous les religieux proprement dits, des dignitaires aux
simples moines, constituent le premier degré. Ils s'alimentent de façon
exclusivement végétarienne et respectent certaines obligations rituelles et
cultuelles. Ils s'interdisent tout luxe et toute relation sexuelle, et leur vie
est entièrement vouée au service de la religion. Les autres fidèles constituent
la masse des croyants. Ce sont des adeptes du second degré qui vivent de façon
ordinaire. Leurs obligations religieuses consistent à pratiquer le culte
quotidien et à observer les règles de conduite prescrites par le nouveau code religieux,
le Tân luat. Tous les fidèles sont astreints aux "Ngu
gioi cam", les 5 interdictions tirées de la morale bouddhique, ne pas
tuer, ne pas être cupide, ne pas commettre d'acte de luxure, ne pas faire
grande chère, ne pas pécher en paroles. Les adeptes du second degré doivent
arriver progressivement à l'alimentation végétarienne. Ils commencent par
s'abstenir d'aliments carnés un nombre déterminé de jours par mois. Ils
débutent par le "soc vong", un régime temporaire de deux jours par mois,
passent au "luc trai", (six jours), puis au "thap trai",
(dix jours), et enfin au mois complet.
A voir absolument !
Par ce
lien, vous pouvez accéder au site YouTube et y regarder
une dizaine de vidéos qui présentent divers aspects du
culte dans le temple de Tay Ninh.
Symboles des figures sur le fond
d’autel ci-dessus
Sur l'autel du Cao Dai, les diverses figures sont disposées pour
présenter horizontalement les représentants de trois anciennes religions et
verticalement les délégués de cinq branches spirituelles de la Grand
Voie. Ainsi se matérialise symboliquement le dogme caodaïste de
"l'Unification des Trois Anciennes Religions et le Rassemblement de Cinq
Branches Spirituelles de la Grande Voie" qui marque le retour à l'Unique Source
Divine pour réaliser l'Unité Divine avec l'Être Suprême.
LES OBJETS SACRÉS SUR L'AUTEL CAO DAI ( Image de droite, ci-dessus)
Au centre, en dessous de l’Oeil divin, la "Lampe du Premier
Principe ou de la Monade" brille jour et nuit. Elle symbolise le TAO qui
illumine tout l'Univers, et elle est aussi "La Lampe de la
Conscience" qui illumine chaque homme. Un vase de fleurs de cinq couleurs
est placé sur la gauche. Un plateau de fruits est placé sur la droite. Une
tasse d'eau pure est disposée du côté des fleurs et une tasse de thé du côté
des fruits. Elles représentent respectivement le "Principe Positif ou Yang
et le Principe Négatif ou Yin". Entre les deux tasses sont posés trois
verres d'alcool. Ensemble, les fleurs, l'alcool et le thé représentent les
"Trois Précieux Éléments" constitutifs de l'être humain. Dans cette
symbolique ternaire, les fleurs représentent le "Sperme ou l'Essence"
de la matière, l'alcool représente le "Souffle ou l'Énergie vitale",
et le thé représente "l'Esprit Divin ou le Principe Intelligent".
En avant et au milieu de l'autel, il y a un brûle-parfum. On y brûle cinq
baguettes d'encens à chaque séance de prière. Ces cinq baguettes d'encens
représentent les cinq organes internes de l'homme, le coeur, le foie,
l'estomac, les poumons et les reins. Ils correspondent respectivement aux cinq
éléments composant l'univers dans la tradition chinoise, le Feu, le Bois, la
Terre, le Métal, et l'Eau. Le nombre cinq est aussi celui des cinq degrés
croissants de l’initiation. Enfin, à droite et à gauche du brûle-parfums, se
trouvent deux chandeliers avec deux bougies blanches qui représentent
encore la dyade du Yin et du Yang. L'ensemble veut signifier que le pratiquant
qui unifie en lui les Trois Précieux Éléments, l'Essence de la matière, le
Souffle vital et l'Esprit divin, en s'aidant des méthodes et techniques de
la méditation caodaïste parvient à l'Illumination et se crée un deuxième corps
d'éther invisible avec lequel, au moment de la mort de son corps
physique, son esprit regagnera le Séjour des Bienheureux.
La salle du Temple de l’Alliance Divine et l'entrée du Temple Octogonal
de la Direction divine.
Aspects du Culte
Même si des religions comme le Christianisme occidental ont été
secondairement intégrées au projet, l'unification des trois grandes religions
orientales, Bouddhisme, Taoïsme et Confucianisme, constitue l'objectif majeur
du Caodaïsme. Le concept essentiel est celui du Tao qui désigne la force, le
souffle de l'infini immense et sans forme préexistant à l'Univers. En
"Cela" existent deux principes opposés et complémentaires, le Yang
positif, et le Yin négatif. Il s'unissent pour donner naissance à la Grande
Source de Lumière Divine et à l'Être Suprême appelé Dieu, source de toutes
choses. Sur le plan terrestre, le Tao est à la fois l'énergie et la voie
mystique que suivent les âmes incarnées par erreur dans le monde terrestre pour
revenir vers leur nature et leur demeure premières. Pour les aider dans cette
démarche, Dieu est intervenu au cours de deux périodes dans le passé, en
s'incarnant dans des êtres humains. Cela permit la fondation de nombreuses
religions, mais elles n'ont pas atteint complètement leurs buts. Dans une
humanité aujourd'hui plus évoluée, le mot "Cao Dai" a été donné par
Dieu pour désigner son intervention par la voie du spiritisme, en cette
troisième période d'amnistie, c'est à dire de pardon ou de rachat des âmes.
Statues de Confucius, Bouddha,
et Laozi, à l'entrée du Temple de Tay Ninh
Il y aurait eu deux périodes de manifestations divines avant cette
troisième période actuelle du Coa Dai. La première période date de plus
de 2500 ans avant J.-C. Les religions suivantes furent alors créées,
l'Humanisme par l'Empereur Fou-Hy (4477-4363 avant J.-C.) en Chine, le Culte
des Saints en Chine par l'Empereur de la Littérature (Van Xuong Dê Quân), le
Judaïsme en Asie Mineure par Moïse, le Taoïsme en Chine par le Maître Suprême
du Tao (Thai Thuong Dao Tô), le Bouddhisme par le Très Ancien Bouddha
Dîpankara (Nhiên Dang Cô Phât) et l'ancien Bouddha Amitabha (A Di Dà
Phât) en Inde, et le Védisme ou Brahmanisme primitif en Inde également. Le
seconde période commence au 5e siècle avant J.-C. et se termine vars l'an 1500.
De nouvelles religions apparurent, le Confucianisme fondé par Confucius en
Chine, le Culte des Génies par Khuong Thai Công en Chine, le Christianisme par
Jésus Christ en Judée, l'Islam par Mahomet en Arabie, le Taoïsme par Lao Tseu
en Chine, ou le Bouddhisme par Cakyamuni en Inde. En cette Troisième
Période, pour le salut de l'humanité, Dieu lui même aurait fondé le Caodaïsme
sous le nom "Cao ñài Tiên Ông ñåi BÒ Tát Ma-Ha-Tát" (L'Immortel
Bodhisattva-Mahâsattva Cao Dai).
Justice, Amour universel et Miséricorde sont les trois principes
essentiels du Cao Dai. On reconnaît ici les trois enseignements fondamentaux du
Bouddhisme, du Taoïsme et du Confucianisme, les trois grandes religions
orientales que la nouvelle religion désire unir par une nouvelle doctrine
universelle. Le Confucianisme et le Christianisme enseignent la nécessité de
l'exercice de la justice, de l'égalité et de l'impartialité dans toutes les
activités de la vie quotidienne. Le Confucianisme conseille aussi de choisir la
Voie du Juste Milieu qui unit les opposés par la voie moyenne, et d'éviter tout
excès et tout extrême. Le Taoïsme recommande de pratiquer l'Amour Universel
idéal et sans bornes ainsi que l'Altruisme envers tous les êtres vivants, en
silence et sans laisser de nom ni de trace, dans l'oubli de soi pour le
bien-être d'autrui. C'est pourquoi ses disciples doivent être végétariens et
partager intégralement le bonheur et le malheur des autres comme étant les
leurs mêmes. Le Bouddhisme demande que l'on pratique la miséricorde et
l'indulgence, que l'on apporte la joie à ceux qui sont tristes, que l'on
adoucisse la misère des malheureux, que l'on aide les pauvres, que l'on secoure
les personnes en danger et qu'on soit empli de la Joie intérieure.
Les trois grands saints du Cao Dai - Au centre, Victor Hugo, (Chuông
Dao Nguyêt Tâm Chân Nhân)
Dans le temple de Tây Ninh, on vénère les statues ou
images de Confucius, de Laozi, du Bouddha, du Christ, de Quan Vo, (général
chinois divinisé), de Li Taibo, (grand poète taoïste), ou de la déesse
bouddhique Quan Am. De façon plus surprenante, on invoque aussi Jeanne
d’Arc, Shakespeare, Pasteur, Lénine, Churchill, Camille Flammarion, le spirite
Allan Kardec, Sun Yat-sen et surtout Victor Hugo (auteur des
"Misérables"), quoique le poète ne soit pas en France un modèle de
vertu. Face à la lampe sphérique figurant la Monade universelle,
on fait chaque jour des offrandes et l’on dit des prières à six heures, midi,
dix-huit heures et minuit.
Puis on chante un hymne en l’honneur de Dieu
et des Trois
Grands Saints. Lors des grandes cérémonies, un prêtre conduit les prières et les
hymnes. Des fleurs, de l’alcool, du thé et cinq baguettes d’encens sont offerts
sur l'autel durant le culte. Les fleurs symbolisent le sperme, Tinh, l'essence
de la matière, l’alcool, le souffle vital, Khi, et le thé,
l’esprit, Than, les trois composantes essentielles de l’homme. Dans
la pureté du coeur, on travaille à transformer l’énergie vitale en énergie
mentale, puis en énergie spirituelle. Et les cinq baguettes d'encens
symbolisent les cinq degrés de l’initiation bouddhique.
Musiciens et choeurs dans le Temple
Les cinq baguettes d'encens
Les cinq baguettes sur l'autel du Cao Dai symbolisent les cinq degrés de
l’initiation bouddhique, la pureté, la méditation, la sagesse, la connaissance
supérieure, la libération karmique. L'adepte initié doit pratiquer la
méditation. Cet exercice l'aide à se détacher du Monde pour arriver à une
intimité avec le Soi Supérieur, cet Être qui réside secrètement à l'intérieur
de chaque homme. Dans ce recueillement de l'âme recherchant l'identification
avec l'Âme universelle, l'adepte dissipe les illusions du monde et découvre les
vérités essentielles.
Être Caodaïste
Le Cao Dai est une religion austère qui demande à ses adeptes un
engagement important. Les candidats doivent être parrainés par deux adeptes qui
initient le catéchumène à la doctrine aux lois de la religion. Le jour de son
adhésion, le néophyte fait acte de foi devant l'autel. Un dignitaire vient
alors installer "l'autel divin" chez le nouveau converti. Le culte
caodaïste est un acte d'adoration. La prière altruiste doit être journellement
pratiquée par les fidèles, et elle est considérée comme nécessaire au salut des
âmes. Pour être admis à l'Initiation, la première condition est une totale
pureté, du corps, des actes, du langage, et de la pensée. La conversion confère
le titre d'adepte. Il y a deux catégories d'adeptes. Ceux du degré inférieur,
(Ha Thua), ont encore des attaches avec le monde et suivent un régime
végétarien partiel. Ils doivent observer les "cinq
interdictions" et les autres lois religieuses applicables à leur
catégorie. Ceux du degré supérieur, (Thuong Thua), suivent un régime
exclusivement végétarien. En plus des "cinq interdictions", ils se
conforment aux "quatre principales observances". Les adeptes du degré
inférieur qui respectent les obligations peuvent être admis à recevoir un début
d'initiation dans des cellules de méditation.
Dévotion
Les cinq interdictions s'imposent à tous les fidèles. 1 - Ne pas
tuer les êtres vivants. 2 - Ne pas être cupide, ne pas voler ni garder un objet
trouvé, ni se livrer aux jeux d'agent. 3 - Ne pas commettre d'acte de luxure,
ne pas prendre la femme d'un autre ni exciter à l'amour par des paroles
flatteuses. 4 - Ne pas faire grande chère, éviter tout excés de table et se
garder de l'ivresse, ne pas user de boissons enivrantes ni de mets recherchés.
5 - Ne pas pécher en parole ni mentir, ne pas tromper ni altérer la vérité, ne
pas se vanter, ni juger ou se moquer des autres, ne pas pousser à la
haine ni prononcer d'injures, ni blasphémer, ni manquer à sa parole. Les
adeptes du degré supérieur doivent aussi suivre les quatre observances. 1 -
Obéir aux ordres des supérieurs, accepter les suggestions des inférieurs, se
montrer poli envers tout le monde, reconnaître ses torts et s'en repentir. 2 -
Ne pas tirer vanité de ses talents, s'oublier pour les autres et les aider dans
la religion, se garder des rancunes personnelles. 3 - Être d'une honnêteté
absolue en matière d'argent. Enseigner sans hauteur et sans morgue. Conseiller
sans irrévérence. 4 - Conserver une attitude respectueuse vis à vis des
supérieurs, présents ou absents. Placer l'intérêt général avant l'intérêt
personnel.
Le Cao Dai pourrait être comparé à la religion syncrétique chinoise.
Cependant, le Cao Dai respecte toutes les croyances d'autrui quand elles ne
conduisent pas au fanatisme et à l'hérésie. En dehors de l'adoration
fondamentale du Dieu Suprême, ses adeptes peuvent librement vénérer d'autres
dieux s'ils ont conquis leur cœur. Les Caodaïstes considèrent que les autres
religions émanent aussi de la divinité. Ils admettent toute religion fondée sur
les révélations de la conscience et du cœur ou sur la nature psychique de
l'individu et sur les sentiments d'amour et de solidarité de la société
humaine. Dans une attitude de très grande tolérance, ils tendent donc à
synthétiser tous les systèmes religieux et philosophiques pour essayer de
satisfaire au besoin de certitude métaphysique des âmes contemporaines. Ils
ignorent également l'esprit de race et les patries terrestres et les confondent
toutes dans l'Unité divine embrassant tout l'univers. Ils témoignent de
fraternité envers tous les hommes et de bonté envers les animaux, et même
envers les végétaux. Les Caodaïstes doivent se vouer en toute circonstance au
service du prochain. Ils doivent être prêts à aider leurs semblables et à
tendre une main secourable à tous ceux qui ont besoin de son aide.
Fidèles dans le Temple
Sortie du Temple
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