Tuong-Thanh les considéra comme de véritables
religieux et les prit sous sa protection. Cependant, ils incendièrent à
plusieurs reprise la maison qu'ils habitèrent et causèrent, par leur hérésie,
des troubles à tel point que le Pape se vit obligé, en 1932, de les faire
évacuer hors du Saint-Siège. Ils allèrent construire un pagodon sur une terre
contiguë à celle du Saint-Siège. Ainsi, c'était pour Thuong-Tuong-Thanh un des
sujets de mécontentement contre le Pape.
Le chef de ce groupe, nommé Diên, se fit appeler Nguyên-Soai ( Général ) ;
il fut à trois reprises dirigé sur l'asile des aliénés à Biên-hoà où, après
quelques jours d'observation, on le relâcha parce que c'est un " aliéné
inoffensif ".
Une nuit, vers fin 1932, toute la bande vint au Saint-Siège et tenta de
monter sur les fauteuils des Pape et Cardinaux parce que, disaient-ils, ils
furent sanctifiés en Bouddhas vivants.
Actuellement, ils ne sont qu'une trentaine ( hommes, femmes et enfants
compris ) et continuent leur vie hérétique.
De temps à autre ils créent une histoire qui fait la risée publique et le
Saint-Siège de Tây-ninh en pâtit parce qu'on les prend pour des Caodaïstes.
De la tragédie comme on voit...
Mais le souci de la vérité nous contraint d'ajouter que certains
dignitaires passés à la dissidence, furent ipso facto des parjures. Ils ont
trahi les serments prêtés et les divers engagements souscrits librement par
eux. Or, il n'est pas de vie civilisée, encore moins sainte, sans le respect (
coûte que coûte ) de la parole donnée, sans la fidélité ( si dure soit-elle ) à
la signature apposée. Du séducteur par promesse de mariage ( tant pis pour toi
! ) à l'agresseur qui viole les traités les plus solennels et les plus sacrés
qu'il a souscrits, en passant par le débiteur négligent ou malhonnête, c'est le
retour à la sauvagerie, le retour à la barbarie ! Les dignitaires, moins que
les adeptes, ne sauraient être lavés d'une souillure aussi tartuffe, aussi
criminelle
SAGESSE ORIENTALE
Religio, le magazine d'études religieuses dirigé par Ernest Buonainti, à
Rome, a également consacré un article à Caodaïsme, MG Mingiano écrit (p. 478):
Victor Hugo et les Caodaïstes. - Un de mes amis qui fait un voyage en
Extrême-Orient, m'écrit de Sài-gon : " Sais-tu que Victor Hugo a été
déifié ? C'est une secte de Cochinchine, dite Dai-Dao-Tam-Ky-Phô-Dô, qui a eu
l'étrange idée d'attribuer au grand poète français les honneurs divins. Qu'en
dis-tu ? " Alors qu'en France il a fallu instituer un référendum pour
savoir quelle serait la matière la plus digne de fêter le cinquantenaire de
Victor Hugo, alors que les diverses cérémonies qui se sont déroulées au
Panthéon, à la Sorbonne, à Guernesey, se sont maintenues dans la stricte
banalité des honneurs officiels, voici qu'une secte religieuse de Cochinchine
décerne au Poète les honneurs divins et l'inscrit dans la Légion des Génies.
Ainsi un homme a été appelé aux honneurs de l'autel ( ou presque ), qui, dans
son célèbre testament, niait toute valeur et tout contenu religieux aux Église
constituées et acceptait seulement la prière des humbles(1).
" Donnons au geste des caodaïstes sa juste proportion : la
glorification du génie humain entendu comme expression de la lumière divine ;
la glorification de la Poésie, entendue comme expression humaine de la divine
Harmonie. Forme de glorification qui s'encadre naturellement dans les
conceptions fondamentales de cette nouvelle confession religieuse qui, en moins
de dix années de vie, a su grouper près d'un million d'adhérents.
" J'ai connu à Paris, vers la fin de 1931, un étudiant de Phnom-Penh
qui fréquentait la faculté des lettres à la Sorbonne. Il était caodaïste.
J'appris par lui que le Dai-Dao-Tam-Ky-Phô-Dô - qui signifie précisément
Caodaïsme - fut fondé en novembre 1925 et représente une synthèse des trois
grandes religions orientales : Bouddhisme, Confucianisme et Taoïsme, lesquels
unis au Christianisme et au " culte des génies ", représentent les
cinq grandes voies que Cao-Dài ( l'Être Suprême ) a ouvertes à l'humanité pour
son développement et son évolution spirituelle. Comme on voit, l'Islam ne
trouve pas place parmi les chemins qui mènent au Très-Haut. Le Christ, au
contraire, est considéré par les caodaïstes comme un Envoyé du Seigneur à une
partie de l'humanité, pour la guider le long de la voie de la perfection, voie
adéquate à sa capacité de compréhension des valeurs spirituelles.
" Le sens de profonde vénération avec lequel ce jeune étudiant indochinois
prononçait le nom du Christ, le respect avec lequel il me parlait des rites
chrétiens dont il connaissait la signification occulte, furent pour moi - je
l'avoue - la plus haute, la plus efficace leçon de tolérence, en même temps
qu'un exemple de vraie fraternité en un Aire Supérieur, auquel la diversité des
noms avec lesquels les hommes l'invoquent, ne changent en rien le visage
toujours rayonnant d'amour.
" Les caodaïstes se divisent en deux catégories : La première comprend
tous les ecclésiastiques, du " pontifex maximus " au dernier novice,
tous astreints à un sévère régime de chasteté, de pauvreté et de frugalité (
ils se nourrissent exclusivement de légumes et de fruits ), rigoureusement
observé. Le corps sacerdotal est à la base initiatique et comprend sept grades
d'initiation : le plus élevé, celui des " frères aînés ", a le
privilège exclusif de communiquer avec les " Messagers de Dieu ",
hauts esprits de lumière dont ils reçoivent énergie, enseignements et conseils.
" Dans la seconde catégorie, est comprise toute la masse des fidèles,
lesquels, outre les devoirs bouddhiques, doivent observer l'humilité,
l'honnêteté, le respect de l'autorité partout où elle s'exerce, et, enfin,
l'obéissance aux autorités religieuses.
" Le culte ne consiste guère que dans les prières en commun auxquelles
les fidèles sont convoqués devant un autel sur lequel est placée une grande
sphère transparente qui contient le feu sacré. Sur la sphère le triangle,
symbole de la perfection et de la composition des énergies divines ; dans le
triangle, œil ardent de l'Éternel.
" Dans cette religion, deux aspects sont, à ce qu'il me semble, des
plus originaux :
" Le premier est celui-ci : Pour être caodaïste, il n'est besoin de
faire aucune profession de foi, il n'est besoin de se lier par aucun serment :
la liberté de conscience y est souveraine. L'institution vit et prospère, non
de la volonté contrainte de ses adeptes, mais de leur libre consentement, de
leur adhésion spontanée et volontaire. Il en résulte qu'aucun anathème
n'accueille, ni n'accompagne celui qui décide de tenter une autre voie. La
prière de tous, au contraire, lui rend plus facile son nouvel effort. Et cela,
parce que les caodaïstes, non seulement reconnaissent, mais sentent que la vie
terrestre, la vie dans le temps et l'espace, est une épreuve, un essai, une
expérience, que chacun doit réaliser afin de faire un pas en avant sur la voie
de Cao-Dài, le Très Haut. Et chacun est en droit de choisir sa route. La
recherche de la richesse, la conquête et l'extension de la revue Religio fait
suivre cet article de M. G. Mingiano de ces lignes intitulées : Sagesse
Orientale, qui le bouclent merveilleusement :
" Pai-Te-Tien était un poète chinois. Étant gouverneur d'un district,
il se rendit en visite auprès d'un sage, un grand disciple de la secte Zen, qui
avait élu domicile dans les branchages d'un arbre. Pai l'apercevant, s'écria :
" Quelle habitation périlleuse, que cet arbre ! " A quoi le sage
répliqua : " La vôtre est bien plus périlleuse que la mienne ! " Et
il s'ensuivit ce dialogue : " Je suis gouverneur du district, je ne vois
pas quel dangers je cours ! - Alors, vous ne vous connaissez pas vous-même !
Quel péril plus grand peut-il avoir, que les passions qui vous brûlent et votre
esprit qui se trouble ?-Quel est l'enseignement du Bouddhisme ? - Ne pas faire
le mal ; pratiquer le bien ! - Mais cela, un enfant de trois ans le sait ! -
Oui, un enfant de trois ans le sait, mais un vieillard de 80 ans comme moi ne
réussit que difficilement à l'appliquer ! "
" Han Shan, poète, était un pur fou, qui se rendait au Monastère
Kouch'ing pour recueillir les résidus des repas et s'en nourrir. Les moines se
moquaient de lui comme d'un pauvre fou, innocent et sans danger. Un jour, dans
son ermitage, Han Shan exclama : " Je pense à toutes ces années passées
durant lesquelles je me rendais tranquillement au Kouch'ing, où tout le monde
me voyant disait : " Han Shan est un fou ! " Je réfléchis, à présent
: Suis-je un fou ? Je ne réussis pas à résoudre le problème, ne connaissant pas
moi-même mon propre moi. Et alors, comment les autres pourraient-ils me
connaître mieux que moi ? "
" Ne pas être un homme ami du bavardage, afin de trouver de Dieu dans
le silence. Prie, le cœur plein de désir, mais sans prononcer une seule parole.
Alors Dieu pourvoira à tes besoins et entendra ta voix, et accueillera ton
offrande. Comme un puits dans le désert dont l'eau est si douce à celui qui
brûle de soif, la divinité est fermée à qui parle, ouverte à qui observe le
silence.
PRÉCISIONS DOCTRINAIRES
Un de nos bons frères caodaïstes, M. Gabriel Abadie, de Lestrac, un peu
mieux renseigné que nos grands journalistes de Paris ( " Ville-Lumière
" ), consacra dans Vu ( 7-9-32 ) un article documentaire et illustré au
Caodaïsme. A la différence de ceux qui s'engraissent au service de l'erreur et
du mensonge, G. Abadie peut prouver combien il a souffert en s'engageant à dire
la vérité sur le Caodaïsme.
"En raison de l'année 1926, dans un" compartiment ", j'ai
trouvé les abords des Halles Centrales qui rejoignaient Sà-gon quelques jeunes
lettrés, alludidos bouddhistes, qui cultivaient leurs moments perdus avec le
spiritisme. L'idée est de se retirer des lieux des tables de tournoi en
examinant les annulations d’un de leurs diplômes de maîtrise, spirale convaincu
délégué de la plus importante société de France.
Les débuts ne furent pas concluants, mais peu à peu, avec l'extrême
patience caractérisant les Orientaux, en éliminant ceux qui ne possédaient pas
de " fluide ", en les remplaçant par des camarades mieux doués, ils
enregistrèrent, paraît-il, d'extraordinaires résultats.
Ils furent, au début, mis en communication, avouent-ils, avec l'esprit de
l'un des sages de l'Antiquité chinoise, Ly Thai Bach ou plus communément Li Tai
Pé, l'Homère chinois, celui qui rénova les lettres sous la treizième dynastie
Tang ( 713-742 ) et fut un fervent Taoïste, leur dicta quelques messages. De
même en aurait-il été de Quan-Thanh-Dê-Quân, le Turenne chinois. Aussi ce qui
sembla d'abord à ces néophytes du spiritisme, un amusement, devint rapidement
une occupation mystique : la conversation avec les esprits supérieurs de
l'Au-Delà auxquels ils demandaient conseil.
Mais l'emploi de la table tournante pour correspondre avec le monde occulte
leur semblant peu pratique, ils s'en ouvrirent à l'Esprit qui leur conseilla la
corbeille à becfrénésie de corde, il a le courage d'inspirer la sagesse de l'un
de ses compatriotes, Phu Chiêu, un vers en spiritisme. Celui-qui contuvo la
doctrine de Bouddha Gaudhama et pratiquait la morale de Confucius lu appret qui
a été dans les relations des dernières années avec les Esprits dont ilva obtenu
un renouveau: l'existence d'un suprême suprême, souverain du Univers et qui
étaient Cao-Dài. Cela ne vous apprend rien, l'utilisation de la corbeille à bec
participe de votre esprit spirituel.
Sur les suggestions de l'Esprit, ils se mirent en rapport avec un de leurs
compatriotes, ancien mandarin cochinchinois et membre du Conseil du
Gouvernement, Lê Van Trung, que, cependant, une vie de dissipation et de jouissances
effrénées ne prédisposait pas au rôle qu'il allait être appelé à jouer.
La conversion de Lê Van Trung fut miraculeusement. J'ai allumé le mur,
l'opiomane fumé plus, le rasoir s'abstenant des toilettes, c'était une boisson
favorite, l'homme a cessé de boire de la nourriture, des poisons, a abandonné
les plaisirs de la chaise, fait un légume, vous pratiquez l Austès ascite de
bonzes plus.
Au sujet de l'universalité du Caodaïsme, notre frère explique fort bien le
sens de Cao-Dài :
" Cao-Dài est le nom symbolique de l'Être suprême qui, pour la
troisième fois, se serait révélé en Orient.
L'opinion des adeptes de la nouvelle foi est que Dieu, adaptant son
enseignement aux progrès de l'esprit humain, plus affiné que jadis, se serait
cette fois manifesté par la voie des médiums, ne voulant accorder à aucun
mortel le privilège de fonder le Caodaïsme. Cette forme nouvelle de
manifestation de l'Être suprême viendrait de ce que toute religion soumise à
l'autorité d'un fondateur humain est impropre à l'universalité, attendu que ses
prophètes s'élèvent contre les vérités proclamées par d'autres fois
religieuses, à l'égard desquelles ils témoignent une intolérence marquée.
La doctrine caodaïste est, en grande partie, tirée des trois principales et
plus vieilles religions de l'Orient : le Bouddhisme, le Taoïsme, le
Confucianisme. Elle en retient les purs principes reconnus comme étant les
vérités éternelles, immuables de la Loi Divine. Mais elle entend rétablir dans
leur véritable sens certains dogmes qui lui paraissent déformés.
Ainsi refondue, cette doctrine concilie toutes les convictions religieuses
et s'adapte aux divers degrés de l'évolution spirituelle.
Au point de vue moral, elle rappel à l'homme ses devoirs, ses obligations,
lui enseigne à savoir se comporter vis-à-vis de lui-même, de sa famille, de la
société, de l'Humanité tout entière.
Au point de vue philosophique, elle prêche le mépris des honneurs, de la
richesse, du luxe, en un mot, l'affranchissement des servitudes de la matière
pour chercher dans la spiritualité la pleine quiétude de l'âme.
Au point de vue cultuel, elle recommande l'adoration de Dieu et la
vénération des esprits supérieurs qui constituent l'Auguste Hiérarchie occulte.
Elle admet le culte des Ancêtres, érigé en principe par Bouddha, mais s'oppose
par contre aux offrandes carnées et à l'usage des papiers votifs.
Au point de vue spiritualiste, elle est d'accord avec d'autres religions,
sur l'existence de l'âme, sa survivance à l'enveloppe physique, son évolution
par réincarnations successives, les conséquences posthumes des actions humaines
réglées par la loi de Karma.
Au point de vue de l'initiation, elle prêche, à ceux des adeptes qui en
seront jugés dignes, les enseignements révélés pour leur permettre, par un
processus d'évolution spirituelle, d'accéder aux ravissements de la béatitude.
La base de la doctrine caodaïste est la pratique du bien et de la vertu.
Comment saurait-il en être autrement dans une religion qui amalgame les trois
grands systèmes de l'Orient : confucianique, bouddhique et taoïste, pour n'en
retenir que les enseignements les plus élevés et éliminer les préceptes
tardigrades considérés comme facteurs de superstitution et d'ignorance ?
I. - Le Miséricordieux Bouddha prêcha la dévotion et la charité.
II. - La doctrine taoïste prescrivait le culte du vrai et de la discipline
du caractère.
III. - Le Sage Confucius avait tracé la voie du Juste Milieu.
Cao-Dài réunit les grands principes d'amour et de bonté enseignés par les
Trois-Saints, prêchant ainsi la nouvelle religion où les hommes de toutes les
couleurs doivent aboutir par des disciplines neuves à la création d'un monde
meilleur, d'un monde d'où seraient exclues les guerres et les conquêtes et où
les races fraterniseraient. "
Notre frère répond à l'onjection de certain journaliste que Jésus-Christ ne
serait là qu'une divinité de seconde zone :
" Le Christ sert de trait d'union entre le Confucianisme, le Taoïsme
et le Bouddhisme. S'il est placé au-dessous des divinités extrême-orientales,
c'est parce qu'il est venu au monde plusieurs siècles après. "
En 1932, M . G. Abadie prévoyait déjà la longue et douloureuse suite de brimades et de
persécutions qui allaient être déchaînées et auxquelles il ne devait pas
échapper, lui non plus :
L’honneur est qu’elles sont respectées pour les religions et ne paraissent
pas dignes de vénération, et il a le privilège de prendre soin de Bouddha,
Lao-Tseu et Confucius, pour honorer l’image du Christ. Je souhaite disperser un
point de vue moral. À l'origine, il est nécessaire d'utiliser la valeur
intrinsèque. Il ne fait aucun doute que le fonds du dogme est la
scèneTrois-Saints ( Bouddha, Lao-Tseu, Confucius ) dont elle a conservé les
vielles croyances, les habitudes et les fêtes rituelles.
Dans la mesure du possible, les dernières années sont bien connues et sont
à l’origine des causes profondes de la pose de l’âme indigène, juxtaposée en
sommeil, vers une approche religieuse du fanatisme mystique des périodes de
Foi.
Pourquoi ce renouveau religieux ? se demandera-t-on.
La doctrine caodaïste tend à une action sociale et morale en faisant
reprendre au peuple annamite, sous la conduite de ses élites, le goût
traditionnel de son existence simple, frugale et prévoyante.
Aussi peut-on s'étonner de voir la France, ou plus exactement quelques
officiels trop zélés et certainement mal inspirés prendre parti contre les
hérétiques de la religion païenne réformée au profit, semble-t-il de l'ancienne
croyance qui, d'ailleurs, ne le demande pas, et exiger que la doctrine
orthodoxe du vieux Bouddhisme soit respectée sans changement, ni évolution
d'aucune sorte qui s'adapte à des conditions plus nouvelles.
L'explication de la campagne menée contre le Caodaïsme se trouve dans
l'engouement que suscite la religion rénovée dont le nombre des fidèles est en
Cochinchine, par exemple, de plus d'un million sur trois millions et demi
d'habitants.
L'ancien gouverneur de Cochinchine Blanchard de la Brosse est aujourd'hui
voué aux mémonies pour avoir déclaré viable, et autorisé cette religion dans le
ressort de sa circonscription. Mais l'alarme est donnée et une croisade est
entreprise contre les hérétiques. "
Le Cygne ( Bach-Nga, près de Hà-nôi ) a publié une série d'articles : Le
vrai visage du Caodaïsme ( 9-1936 ), d'où nous détacherons seulement les
passages les plus curieux. Ce fut, comme le titre l'indique, un reportage
objectif. Nous ne saurions en faire un meilleur compliment, car la Vérité est
aussi le service de Dieu.
" Que mes amis lecteurs se rassurent ! Au lieu de faire la moue en
lisant le sujet de cette enquête, de me toiser d'un œil étonné, sceptique, ou
moqueur, de murmurer contre moi des imprécations, qu'ils écoutent avec calme
les confidences d'un homme qui, comme eux, comme presque tous les intellectuels
tonkinois, ridiculisait volontiers une religion nouvellement née dans son
propre pays, tout simplement parce qu'il n'y avait rien compris. "
Nouvellement née " n'est pas tout à fait le mot : d'après le calendrier
caodaïste, l'Humanité est en l'an X de la 3è Amnistie de Dieu en Orient ; c'est
dont depuis dix ans que cette religion a fait école.
Un sociologue averti doit remarquer que dès le premier quart de ce siècle,
l'Annam subit une brusque secousse. Il y eut bouleversement total dans sa
destinée de peuple, dans sa pensée et dans sa foi. Le retour des deux Pham
annonça le premier symptôme de cette fièvre qui s'accroît chaque jour.
Au point de vue politique, c'est la révolution dans tous les esprits et
dans tous les cœurs. Au point de vue économique, c'est le développement
intensif des industries, la formation des coopératives et les syndicats ; au
point de vue littéraire, c'est la réforme radicale de la langue, l'introduction
de nouveaux concepts en Poésie et en Art, et jusque dans le domaine religieux,
c'est la naissance d'une nouvelle Foi.
Oui, peut-être ! mais n'oublions pas que Victor Hugo fut spirite, et que
l'influence du spiritisme sur lui fut telle que sa vie se divise en deux
parties : Avant et Après l'adhésion au spiritisme.
Puissance matérielle, sont condamnées par les caodaïstes, car pour eux
aussi, le Royaume de dieu n'est pas de ce monde. Mais c'est pour eux un devoir
et un droit tout à la fois que la solidarité dans le temps, l'assistance
matérielle et morale. Et c'est la raison d'être du second aspect original du Caodaïsme
: Du point de vue civil, ou mieux pour son action sociale,le Caodaïsme a des
institutions spéciales d'artisanat, d'enseignement, de relations avec
l'extérieur, d'agriculture, etc., de façon à intensifier une œuvre de
prévoyance et d'assistance, coordonnée
et efficace. "
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