Histoire et philosophie du caodaisme - 11/12 (Gabriel Gobron)


Vous pouvez affirmer à vos amis que Không-Tu ( ou Koung-Tseu ), Lao-Tu ( ou Lao-Tseu ), Gautama, Jésus de Nazareth, ne sont que des instructeurs, des reflets du Mental Cosmique qui n'est pas un Dieu nettement séparé de l'Univers, mais, au contraire, étroitement déterminé par lui.

Chaque homme si méchant, si pervers soit-il, possède toujours une petite qualité ; mais aucun homme ne peut prétendre être doué de toutes les qualités. Dieu nous a fait imparfaits pour que nous ayons conscience de notre faiblesse, afin de nous rendre modestes, de nous inciter à acquérir plus de qualités, plus de vertus, à atteindre la perfection. Il nous faut par nos propres moyens, progresser, évoluer de plus en plus. Chaque homme a ce qu'il faut pour atteindre la Divinité ; un Esprit pourra créer un monde dont il sera Maître.

... Dans ma dernière lettre, je vous ai expliqué pourquoi nous avons été amenés à défendre aux fidèles de s'occuper des communications avec les Esprits par le truchement des médiums non-officiels. Notez que la formule du serment dictée dans le même esprit par notre Maître Divin a pour but aussi de nous mettre en garde contre les manœuvres des mauvais esprits et qu'en dictant cette formule, Dieu savait qu'il s'adressait à des adeptes qui étaient en général des Annamites dont la majorité, ignorante des tentations de Satan, pourrait être facilement séduite par ce dernier, ce qui est malheureusement arrivé ces dernières années.

Le Christ avait prédit l'Antéchrist et la prédiction s'est réalisée. En Cochinchine, avant et après la fondation de la Nouvelle Doctrine, des antéchrist étaient venus et ont fondé des sectes religieuses pour semer la division, pour détourner les hommes de la Voie de la Vérité. Ils ont usé de tous les stratagèmes et fait de nombreuses victimes. Comme vous le voyez, cette formule de serment trouvait sa justification parmi nous autres Annamites.

... Le Hô-Phap et ses attributs. Hô : antique ; Phap : loi, règle, signe, symbole.

Vous distinguerez trois objets distincts qui sont les attributs de Hô-Phap : a) une sorte de cube portant les mots " Xuân-Thu " ; b) une sorte de cylindre ; c) une sorte de baguette ayant à une extrémité une touffe de crins.

a) Cette sorte de cube représente un livre composé de cinq volumes appelé " Xuân-Thu " :

Xuân = Printemps.
Thu = Automne.

C'est une œuvre sociale écrite par Confucius sous forme d'Évangile et qui signifie perfection morale, enseignant, outre les rites, la divination des oracles, la littérature, la musique, les règles de l'Humanité :

" devoirs d'homme, de citoyen, de père et mère, de mari et femme, de fils, de frère et sœur, de maître et élève, de fonctionnaire public, de souverain, même nos devoirs envers les animaux et les plantes ".

C'EST LE SYMBOLE DU CONFUCIANISME.
Ce livre est appelé " Xuân-Thu " parce que l'idée de Confucius fait éclore et fructifier la morale humaine, comme le Printemps et l'Automne qui sont deux saisons dont les jours et les nuits sont d'égale longueur et faciles à supporter.

b) Cette sorte de cylindre représente un grand bol, celui dont le Bouddha Cakyamouni, de son vivant, se servait pour recevoir les vivres offertes par ses adeptes. Héritier présomptif d'un Monarque le plus riche, le plus puissant d'un des royaumes de l'Inde, le Prince Siddharta, devenu plus tard le Bouddha Cakyamouni, eut le courage de quitter tous les biens de ce monde pour aller trouver dans la solitude la Paix de l'âme et du cœur et la Vérité. Il dut mendier pour vivre, pour nourrir son corps en vue de la propagation de la Foi qu'il a acquise.

Le bol appelé " Binh-Bat-Du " :
Binh = Cuvette,
Bat = Bol,

Du ( prononce You ) = mendier ;

( bol en forme de cuvette pour recevoir les aumônes ), est le symbole du détachement des biens de ce monde, de l'abnégation, de la renonciation, du désintéressement total de la vie ( ascétisme ).

C'EST L'ATTRIBUT DU BOUDDHISME.
c) Cette sorte de baguette ornée d'une touffe de crins est appelée Phât-Chu :
Phât = Mouvoir ou chasser,
Chu = Poussière,

ou Phât-Trân ( chasser les impuretés de ce monde ), symbolise l'exercice moral qui consiste à se purifier de jour en jour de tous les défauts. Comme son nom l'indique, le Phât-Chu sert à chasser les impuretés de ce monde.

C'EST LE SYMBOLE DU TAOÏSME, le symbole de la pureté des sentiments.

En résumé, les trois doctrines : " Confucianisme, Taoïsme, Bouddhisme " ( le Christianisme étant considéré comme une des branches du Confucianisme ) sont les trois stades d'évolution de l'âme, les trois degrés d'initiation qui amènent l'esprit vers la pure divinité.

Les trois objets décrits plus haut réunis forment les attributs de Hô-Phap, parce que celui-ci, spirituellement parlant, a charge de réunir les trois doctrines et de veiller à ce que les hommes vivent en paix et dans le respect des lois de l'évolution.

Le Thông-Su, appelé Hô-Phap em ( em = petit frère, la miniature de Hô-Phap), parce qu'il hérite de Hô-Phap une parcelle d'autorité, celle de rendre la justice à ses frères de son hameau, porte sur sa robe de cérémonie, à droite et à gauche de la poitrine, deux insignes ( ces trois attributs mis côte à côte ) et sur le turban, juste au milieu du front, le même insigne.

Le Pho Tri-Su est appelé Giao-Tông ( Giao-Tông en miniature ) parce qu'il représente dans son hameau le Giao-Tông qui personnifie l'amour envers tous les êtres, qui veille amoureusement sur tout acte de la vie de chaque adepte, sur la paix de son esprit et de son cœur, sur les progrès de son évolution. Le Pho Tri-Su porte une robe ornée au col d'une bande de ruban en fil tissé blanc argent, et au bras gauche un bout de ruban tricolore : jaune = Bouddhisme, bleu = Taoïsme, rouge = Confucianisme. C'est le reflet extérieur des trois doctrines.

Le Chanh Tri-Su est appelé " Dau-Su em " ( Dau = premier, Su = Maître, em = petit frère ) ou premier maître du petit frère, ou l'aîné dans le village. Le Dau-Su reçoit deux pouvoirs conférés par Giao-Tông et Hô-Phap. Le Chanh tri-Su remplit donc les devoirs de Giao-Tông et de Hô-Phap dans le village.Il porte une robe blanche ornée au col d'une bande de ruban en fil tissé jaune or et au bras gauche d'un bout de ruban tricolore de dimension plus grande que celui du Pho Tri-Su. Il a sur son turban l'attribut de Hô-Phap.une bande de ruban en fil tissé jaune or et au bras gauche d'un bout de ruban tricolore de dimension plus grande que celui du Pho Tri-Su. Il a sur son turban l'attribut de Hô-Phap.une bande de ruban en fil tissé jaune or et au bras gauche d'un bout de ruban tricolore de dimension plus grande que celui du Pho Tri-Su. Il a sur son turban l'attribut de Hô-Phap.attribut de Hô-Phap.attribut de Hô-Phap.

Notre Saint-Siège est en train de mettre au point la traduction du Phap-Chanh-Truyên :
Phap = Loi, règle, signe, symbole, etc... tout ce qui dérive de la Loi d'évolution.
Chanh = Stable, infaillible, inviolable, parfaite correction ( le juste milieu de tout ).
Truyên = Ordre, constitution.

Phap-Chanh-Truyên : Règles de l'inviolable constitution.
L'auteur de ces Règles est notre Maître Divin Cao-Dài qui nous les a dictées par communications médiumniques.

Répétons-le : Ces explications, très sommaires, peuvent apparaître pourtant très compliquées pour les gens de l'Occident qu'effraye la minutie du détail, caractéristique des cultes d'Orient. Qu'ils se rassurent : Ici encore, toujours, le Caodaïsme admet de grandes simplifications en certains pays.

En ce qui concerne les enfants à type européen dont vous m'avez parlé dans une de vos lettre, les rieurs diront que cela provient d'un croisement. Mais, par des études et des observations sérieuses, nous sommes en mesure d'affirmer que ces enfants sont nés d'honnêtes mères de famille annamites, ayant vécu avec des maris annamites. Elles n'ont jamais mis pied dans des villes habitées ou fréquentées par des Européens et ont toujours vécu dans des coins de brousse qu'aucun Européen n'a visités. Pourtant, certains de leurs enfants ont une figure à type européen ou de race aryenne ; ils peuvent avoir parfois la démarche, la forme d'un Européen, mais leurs cheveux sont toujours noirs comme ceux de tout autre Annamite.

Nous croyons savoir que ces types d'enfants conservent une partie de leur physique des précédentes réincarnations - où ils étaient nés de parents européens. Ils viennent le plus souvent au monde avec l'astral qu'ils avaient en leur précédentes réincarnations.

Par des révélations, nous avons constaté que tel homme, ayant la lèvre fendue à une précédente réincarnation, porte actuellement un bec-de-lièvre ; que tel autre, qui était un animal évolué, conserve encore une partie de ses anciens instincts, de son physique d'antan.

Ces choses font sourire, évidemment, tel matérialiste, qui s'effarouchera par ailleurs d'allumer trois cigarettes ( deux amis et lui ) avec la même allumette, de rouler sans une mascotte ou un fétiche, de déjeuner ou de dîner à treize, de croiser les bras d'amis se serrant les mains au départ, etc...

L'inhabituel a toujours été la cible de nos sarcasmes et de nos répulsions, pauvres hommes, faibles hommes que nous sommes !

L'expérience caodaïste en Europe a provoqué ces constatations d'un frère en Cao-Dài : " Certaines formules, certains aspects externes du Caodaïsme seraient à modifier pour pouvoir retenir effectivement l'attention des personnes susceptibles de le prendre en considération. Je pense - et ceci est déjà pour moi une expérience - que le tableau d'autel représentant l'Oeil symbolique et rayonnant, pourrait avantageusement être partout substitué à l'image, très haute en couleurs, des divinités ou avatars qui figurent chez les adeptes.

Ici, en France, on préfère de beaucoup la simplicité, le schéma, les grandes lignes suggestives, au moins parmi le public particulier auquel je dois nécessairement m'adresser. Vous dirai-je à ce sujet que le superbe tableau que vous m'avez envoyé de Quan-Âm-Bô-Tat ( Kwan-Yin ) plaît énormément, et je crois en savoir la raison : il est fort peu colorié et d'un dessin plus simple que celui de l'emblème ou même celui de Quan-Thanh-Dê-Quân. Je vous ai déjà écrit au sujet des rites et prières qui pourraient être simplifiés encore pour faire place à de simples méditations, peut-être entrecoupées d'invocations courtes. Je pense aussi qu'en France, on pourrait faire des lectures brèves et substantielles devant l'autel du Dao : tout ceci est l'affaire de compréhension, d'adaptation, de tolérance. La lampe d'autel ( Thai-Cuc dang ) est encore une des choses liturgiques qui seraient le mieux comprises et acceptées : Il va de soi que les personnes plus spécialement consacrées, telles que dignitaires et assimilées, pourraient ne point user de ces permissions et se conformer le plus possible aux usages-types du Pays d'Annam.

Pour ce qui est de la doctrine ou enseignement proprement dit, je vous en ai également, et à plusieurs reprises, longuement écrit ; je n'y reviendrai que pour vous affirmer encore qu'il serait éminemment préférable de ne pas insister sur l'aspect personnel de la divinité, aspect auquel j'attribue sans hésiter toute la responsabilité du matérialisme occidental actuel ; on ne veut plus d'un Dieu-Jéhovah aux décisions arbitraires ; ceux qui croient encore à ce Dieu-là sont catholiques-romains ou protestants-orthodoxes, mais ne constituent certainement plus la majorité, même au sein des Églises chrétiennes. Toutes les demandes de précisions et conversations que j'ai eues depuis décembre 1934 au sujet du Dao sont convergentes et concluantes sur ce point capital : Koung-Tseu, Lao-Tseu, Gautama, Jésus de Nazareth ne sont que des Instructeurs, des reflets du Mental Cosmique qui n'est pas un Dieu nettement séparé de l'Univers, mais au contraire étroitement déterminé par lui. Si je prêchais le contraire, on ne m'écouterait plus guère que par politesse ou l'on me dirait de retourner à Rome.

Comme il m'est délicat, et aussi pénible, mon bien cher et vénéré Frère, de vous diluer ainsi ce que je sens être d'une importance vitale pour la diffusion du Bao en France ! Je suis bien porté à croire, après ce que vous m'avez écrit touchant mes confidences, que ma réincarnation actuelle en Occident, et à l'époque, est tout à fait karmique, pour me permettre de faire, dans mon modeste rayon d'action, la liaison entre un monde qui s'écroule et un autre qui point à l'horizon.

Mais que d'incompréhensions il faut rencontrer ici ! Que de nuances à préciser aux oreilles chrétiennes ou matérialistes, si semblables dans leurs dogmatismes issus d'une commune illusion ( samara ) ! "

Ces justes réflexions, qui remontent à 1935, n'ont rien perdu de leur valeur : Expérimenté dans l'Ouest, en France, le Caodaïsme appelle une simplification pour certaines âmes qui vivent dans un " climat voltairien " et que rebutent le vocable et les rites trop compliqués de toute théosophie orientale. Ajoutons que cette complication, plus apparente que réelle, est un puissant attrait, un suave délice pour certaines âmes, avides de mysticisme ( au sens le plus beau et le plus noble du mot ).

PAROLES DU SAINT-SIEGE
Le journal le Khmer ( 30-5-37 ) a interviewé brièvement M. Pham-Công-Tac, Supérieur actuel du Caodaïsme. Voici le texte de cet entretien :

" Nous n'entreprenons pas de faire revivre, en ces lignes, le faste et la splendeur des cérémonies qui ont marqué l'inauguration du temple caodaïste de Phnom-Penh, nos confrères l'ayant fait bien avant nous.

Nous nous attacherons seulement à examiner avec nos lecteurs et ce, en toute impartialité, les déclarations que voulut bien nous faire M. Pham Công Tac, chef suprême de la religion caodaïste.

Nous avons été profondément émus et touchés de l'accueil que nous avons reçu de cet homme, de sa modestie et de sa grande simplicité !
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