LE SERVICE DU PROCHAIN
Que de douceur, que de charme, la nature, dans sa solitude, ne
procure-t-elle pas à l'homme qui vit retiré ? Loin du monde dont les séductions
n'ont plus de prise sur lui, dans la tranquilité de sa retraite, il purifie sa
vie, calme ses passions et élève ses pensées vers l'Être Suprême. Puis, dans le
ravissement de la contemplation, où se révèle le sentiment de la Divinité, il
sent mieux enfin son origine céleste.
C'est ainsi que tout Caodaïste, soucieux d'agir selon ces principes
d'humanité, doit en toutes circonstances, se vouer au service du prochain.
Poussé par le désir d'aider ses semblables, il se tient tout prêt à apporter,
soit par ses paroles, soit par ses actes, un baume aux misères morales et
sociales. Et, dans ses aspirations vers l'amour miséricordieux, il tend
toujours la même main secourable à tous ceux qui ont besoin de son aide.
Essuyant tous les affronts, d'où qu'ils viennent, demeurant sans haine parmi
ceux qui le haïssent, tout fidèle de la "Grand Voie", dignitaire ou
simple adepte, doit s'imposer la tâche difficile de travailler à gagner les
âmes à Dieu, à leur inculquer les enseignements du Dai Dao, basés sur l'amour
du bien et le culte du vrai.
Si à force de proclamer les vérités, il n'arrive pas à convaincre les
incrédules, du moins, il les aura ébranlés quelque peu. Et alors, les doutes
suscités en leur âme jusque-là incroyante, feront le reste...
C'est en s'appliquant au perfectionnement et au salut des autres qu'il
travaille aux siens propres, car les actes d'amour et de charité, par un juste
retour, constituent son seul viatique dans ses pérégrinations vers le bonheur
suprême. Puisque le service du prochain est l'une des conditions indispensables
de son propre salut, il a tout intérêt à s'y appliquer avec autant de zèle que
le lui permettent sa ferveur religieuse et son avancement moral. Sans avoir la
prétention de se poser en prédicateur,
il doit cependant inciter particulièrement ses coreligionnaires à la pratique
du bien et de la vertu. Il peut y arriver, non pas par le vains discours, mais
en prêchant d'exemple et en conformant sa vie à la doctrine qu'il professe. Si
parfois il vient à faillir à cette tâche en s'écartant de la voie qui lui a été
tracée par le Grand Maître, il n'est que juste qu'on s'en prenne à sa faiblesse
ou à son inconséquence et non aux enseignements qu'il est chargé de répandre,
lesquels constituent toujours avons-nous besoin de le répéter ? un idéal de
paix et d'amour fraternel.
Il peut y avoir, dans le Caodaïsme aussi bien que dans toutes les autres
religions existantes, de faux dévôts et des fidèles dont la foi n'est pas assez
forte pour résister aux tentations de l'Esprit du Mal. Ce sont là autant
d'éléments malsains, qui déshonorent la religion à laquelle ils appartiennent,
et dont celle-ci gagnerait à se purger complètement.
CODE RELIGIEUX
PREMIÈRE PARTIE
Règlements relatifs à la vie religieuse
*
* *
Chapitre I
Du Corps Sacerdotal
Art.1er - Au sommet de la hiérarchie sacerdotale, est le Giao Tong, le
frère aîné. Il a la mission de guider, au nom de Dieu, les fidèles dans la vie
religieuse et sociale. A lui est dévolu le pouvoir de communiquer spirituellement
avec les Esprits Supérieurs ,pour leur demander des grâces en faveur des
adeptes. Ceux ci doivent obéissance à ses ordres.
Art.2 - Après le Giao-Tong, viennent les trois Chuong Phap, dont un pour
chacune des Trois-Branches (Tam Phai) de la Religion : Confucianisme,
Bouddhisme et Taoïsme.
Les Chuong Phap sont chargés de l'examen des loi religieuses établies par
le Giao-Tong ou proposées par les Dau-Su, avant leur promulgation, qui ne peut
être faite sans leur approbation unanime.
La publication des livres de prières et d'autres ouvrages religieux est
subordonnée à l'acceptation des trois Chuong Phap, lesquels, par un examen
approfondi, veillent à ce qu'ils soient de nature à ne pas porter atteinte à la
morale ni aux bonnes mœurs du pays.
Chaque Chuong Phap a son sceau particulier. Toute décision ne peut être
mise à exécution que frappée des trois sceaux.
Les Chuong Phap doivent éclairer le Giao Tong sur les torts que celui-ci
peut avoir. S'il se comporte contrairement aux principes de la religion, ils
ont qualité pour en saisir le Saint Tribunal.
Art.3- Les trois Dau-Su, dont un pour chaque branche, sont chargés, sous
les ordres du Giao-Tong, de la direction générale des fidèles.
Ils peuvent proposer des loi qu'ils soumettent à l'approbation du
Giao-Tong. Ils peuvent aussi demander la modification ou la suppression de
celles qui ne sont plus en harmonie avec l'état actuel des choses.
Les décisions émanant du Giao-Tong doivent, en cas de désaccord de celui-ci
avec les Dau-Su, être retournées au premier, qui les fera examiner par les
Chuong-Phap aux fins de modification.
Les Dau-Su ont chacun leur cachet particulier, Tout écrit officiel n'est
valable que s'il est revêtu de l'empreinte de ces trois cachets.
Art.4- Les trente-six Phoi-Su sont répartis en groupes de douze. Chaque
groupe est dirigé par un Chanh-Phoi-Su qui peut suppléer un Dau-Su absent ou
empêché, sans être pour cela nanti du droit de proposé la suppression des lois.
Art.5- Les Giao-Su, au nombre de soixante-douze sont répartis en groupes de
vingt-quqtre. Ils sont chargés de l'enseignement religieux et social des
fidèles. Ils doivent prendre soin de ces derniers comme le ferait un frère de
ses cadets.
Les Giao-Su tiennent les contrôles des adeptes de leur diocèse. Ils ont la
mission d'aider à l'observance des formalités rituelles en ce qui concerne le
mariage et le décès.
Dans les grands centres, ils ont qualité pour officier absolument comme les
Dau-Su et les Phoi-Su.
Ils peuvent formuler des propositions tendant à la suppression ou à la
modification des lois susceptibles de porter préjudice aux adeptes.
Art.6- Les Giao-Huu ont pour mission d'assurer la propagande de la doctrine
divine, ils peuvent proposer la réforme des règlements en vigueur. Ils peuvent
officier,quand ils desservent un oratoire dans une province de peut
d'importance.
Le nombre de Giao-Huu est invariablement fixé à 3.000 dont 1.000 pour
chaque branche.
Art.7- Les Le-Sanh, choisis parmi les adeptes vertueux, s'occupent des
cérémonies cultuelles. Ils sont en outre chargés de procéder aux cérémonies
dites de "l'installation de l'autel divin" chez les néophytes.
Il faut être Le-Sanh est avant d'admettre la dignité sacerdotale.
Art.8- Les Chuong-Phap et les Dau-Su peuvent, par le suffrage universel,
aspirer concurremment les uns avec les autres aux fonctions de Giao-Tong.
Toujours par voie d'élection, sauf investiture directe par le Grand Maître,
le grade de Chuong-Phap peut-être conféré aux Dau-Su; celui de Dau-Su, aux
Phoi-Su; celui de Phoi-Su aux Giao-Su; celui de Giao-Su aux Giao-Huu; celui de
Giao-Huu, aux Le-Sanh.
Les règlements précités, déterminant la formation du corps sacerdotal, sont
extraits des communications de Dieu.
Chapitre II
Des fidèles
Art.9- Toute personne qui sollicite son admission dans le Caodaïsme doit
être présentée au chef de paroisse par deux adeptes vertueux. Ceux-ci doivent
initier le catéchumène aux principes élémentaires de la doctrine religieuse.
Art.10- Chaque néophyte, dans la journée même de son inscription, doit
jurer sa foi devant le maître autel. Il est tenu de connaître parfaitement les
prières et les loi de la religion.
Art.11- Le chef de paroisse ou son représentant, qui doit être un
dignitaire est tenu de venir chez le nouveau converti en vue de présider aux
cérémonies de "l'installation de l'autel divin".
Art.12- La conversion confère le titre d'adepte.
Les adeptes sont de deux catégories:
1.- Ceux qui, ayant encore des attaches avec le monde, suivent un régime
végétarien partiel, c'est-à-dire soit pendant six jours, soit pendant dix jours
par mois. Ils sont absolument tenus d'observer les "cinq interdictions" (Ngu gioi cam) et les
autres lois religieuses applicables à leur catégorie. Ce sont de simples
adeptes, appartenant au degré inférieur (Ha Thua).
2.- Ceux qui suivant le régime exclusivement végétarien et se conforment,
en plus des "cinq interdictions", aux "quatre principales
observances" (Tu Dai Dieu Qui). Ils appartiennent au degré supérieur
(Thuong Thua).
Art.14- Les adeptes du degré inférieur, ayant satisfait au régime "des
dix jours", peuvent être admis à recevoir les premières notions de
l'initiation dans des cellules dites de "méditation".
Art.15- Les dignitaires se recruitent parmi les candidats appartenant au
degré supérieur. Les adeptes de cette catégorie doivent laisser pousser leur
barbe et leur cheveux. Leurs effets d'abillement, simples et modestes, sont en
contonnade blanche ou teintée de la couleur symbolique de la branche à laquelle
ils appartiennent.
Chapitre III
De la création des paroisses
Art.16- Toute localité comptant plus de 500 fidèles est érigée en paroisse
avec son oratoire et son dignitaire.
Art.17- La création d'une paroisse est subordonnée à l'autorisation du
Giao-Tong sous l'autorité duquel elle est placée.
Art.18- Les adeptes doivent obéissance aux ordres et commandements du chef
de leur paroisse.
Art.19- Ils sont tenus de se réunir à l'oratoire les jours de la nouvelle
et de la pleine lune, tant pour assister
aux grandes cérémonies que pour entendre les sermons.
Art.20- Tout dignitaire desservant une paroisse doit y célébrer l'office
divin quatre fois par jour : à six heures du matin, à midi, à six heures du
soir et à minuit.
Une sonnerie de cloche annonce l'heure de chaque cérémonie.
Chapitre IV
Les cinq interdictions
Art.21- Une fois convertie, tout fidèle doit veiller à l'amélioration de
son caractère et de sa conduite en observant les cinq interdictions suivantes :
1.-Ne pas tuer les êtres vivants ;
2.-Ne pas être cupide, c'est-à-dire ne pas piller, prendre de force,
escroquer, emprunter avec intention de ne pas rendre, receler une chose volée,
garder des objets trouvés, s'approprier un bien au préjudice d'un autre, se
livrer aux jeux d'agent;
3.-Ne pas commettre d'acte de luxure, c'est-à-dire ne pas jouir de la femme
d'un autre, courir les filles perdues, pousser à des actes incestueux,
s'énamourer des belles femmes, exciter à l'amour par des paroles cajôleuses.
4.-Ne pas faire grande chère, c'est-à-dire éviter toute débauche de table,
se garder de l'ivresse qui trouble la raison en même temps que l'ordre public,
ne pas penser au goût des boissons enivrantes, ni à celui des mets recherchés.
5.-Ne pas pécher en parole, c'est-à-dire ne pas tromper, altérer la vérité,
se vanter, parler des torts d'autrui, se
moquer des autres, pousser à la haine et au procès, prononcer des paroles
injurieuses, blasphémer contre la religion, manquer à la parole donnée.
Art.21- Une fois convertie, tout fidèle doit veiller à l'amélioration de
son caractère et de sa conduite en observant les cinq interdictions suivantes :
1.-Ne pas tuer les êtres vivants ;
2.-Ne pas être cupide, c'est-à-dire ne pas piller, prendre de force,
escroquer, emprunter avec intention de ne pas rendre, receler une chose volée,
garder des objets trouvés, s'approprier un bien au préjudice d'un autre, se
livrer aux jeux d'agent;
3.-Ne pas commettre d'acte de luxure, c'est-à-dire ne pas jouir de la femme
d'un autre, courir les filles perdues, pousser à des actes incestueux,
s'énamourer des belles femmes, exciter à l'amour par des paroles cajôleuses.
4.-Ne pas faire grande chère, c'est-à-dire éviter toute débauche de table,
se garder de l'ivresse qui trouble la raison en même temps que l'ordre public,
ne pas penser au goût des boissons enivrantes, ni à celui des mets recherchés.
5.-Ne pas pécher en parole, c'est-à-dire ne pas tromper, altérer la vérité,
se vanter, parler des torts d'autrui, se
moquer des autres, pousser à la haine et au procès, prononcer des paroles
injurieuses, blasphémer contre la religion, manquer à la parole donnée.
Chapitre V
Des quatre principales
observances
Art.22.- La pratique de la vertu et la rectitude de la conduite doivent
avoir pour base les quatre principales observances mentionnées ci-après ;
1.- Obéir aux ordres de ses supérieurs, accepter sans honte les bonnes
suggestions de ses inférieurs, se montrer poli envers tout le monde,
reconnaître franchement ses torts et s'en repentir ;
2.- Ne pas tirer vanité de ses talents, s'oublier pour les autres, les
aider à pratiquer la religion, se garder des rancunes personnelles, ne pas
cacher les mérites des sages ;
3.- Être d'une honnêteté absolue dans les questions d'argent, ne pas
manquer de convenances à l'égard des supérieurs. Que les premiers qui ont
quelque chose à enseigner aux seconds, ne le fassent pas avec hauteur ; que
ceux-ci, qui ont à déconseiller certains actes à leurs supérieurs, ne le
fassent pas irrévérencieusement.
4.- Vis-à-vis d'un supérieur, garder toujours une attitude respectueuse,
qu'il soit présent ou absent. Ne pas assister indifférent aux discussions qui
s'élèvent entre colerigionnaires. Ne poit placer son intérêt personnel
personnel au-dessus de l'intérêt général. Par soumission aux lois de la
religion, ne pas contrarier ses supérieurs, ni désobliger ses inférieurs par
une opinion trop personnelle.
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