Nous avons été chargé par le Saint-Siège de
Tây-ninh ( Cochinchine ) de représenter le Caodaïsme à divers Congrès
internationaux :
1 - Congrès spirite international de Barcelone ( 1934 ).
On lit dans la Revue Spirite ( octobre 1934, p. 505 ), dans la série des
vœux adoptés à l'unanimité :
" VIIIè Mouvement caodaïste. - Sur proposition de M. Gabriel Gobron,
instructeur en France du Caodaïsme ( ou bouddhisme rénové, ou spiritisme
annamite ), le Vè Congrès Spirite International réuni à Barcelone ( 1er au
novembre 1934 ) prie très respectueusement le Gouvernement français de bien
vouloir - se rappelant les promesses solennelles faites en mars 1933 au
Parlement français par
le président Sarraut, alors ministre des Colonies -
établir en faveur des caodaïstes un statut aussi libéral que celui dont
jouissent les Annamites convertis aux cultes chrétiens ou restés fidèles aux
autres sectes bouddhiques dans les pays de l'Union indochinoise. "
2 - Congrès mondial des Religions à Londres ( 1936 ).
Le Cygne ( 20-9-36 ) publie cet écho :
" Au dernier congrès international des Religions tenu à Londres, sous
la présidence de Sir Francis Younghusband, auquel M. Gabriel Gobron, instructeur
du Caodaïsme en France, participait sur l'invitation du Saint-Siège de
Tây-ninh, le Caodaïsme est reconnu comme la religion la plus tolérante du
monde. Devant une assistance nombreuse composée de représentants de toutes les
Grandes Religions mondiales et des membres de la Presse internationale, le
délégué caodaïste français a déclaré : " Le Caodaïsme est L'expérience
même de la réconciliation des races et des peuples pour laquelle vous vous êtes
réunis en ce lieu. Le Caodaïsme ou Bouddhisme rénové est certainement
L'expérience vivante de l'union et de l'unité religieuse ". Des
applaudissements frénétiques ont salué la péroraison. "
3 - Congrès Spirite international de Glasgow ( 1937 ).
L'Annam nouveau ( 14-11-37 ) a publié cet écho :
" Sur proposition de M. Gabriel Gobron, inspecteur en France du
Caodaïsme ou Spiritisme annamite, le VIè Congrès spirite international réuni à
Glasgow ( 3-10 septembre 1937 ), après le Vè Congrès spirite international de
Barcelone, émet le vœu que les Spiristes annamites jouissent dans tous les pays
de l'Union indochinoise des même libertés de conscience et de culte que les
Annamites catholiques et protestants, qu'ils soient sujets, protégés, métis ou
étrangers.
" Le vœu émis par le Congrès spirite international de Barcelone a
inauguré déjà une période plus libérale pour les caodaïstes ou spiristes
annamites. "
Ce vœu présenté et discuté à la section philosophique du Congrès, a été
adopté ensuite par acclamation au meeting populaire tenu aux McLellan Galleries
le 9-9-37.
4 - Congrès mondial des Croyances à Paris ( 1939 ).
Recueillons ce témoignage de la Revue Spirite ( Paris, 8-9 ) :
" Ce World Congress of Faiths qui s'est tenu antérieurement à Londres,
Oxford, Cambridge, avait lieu cette année à Paris. Notre collaborateur Gabriel
Gobron, mandaté par les caodaïstes ou bouddhistes rénovés d'Indochine, y
assista. Les reproches qu'il a formulés au sujet du Congrès de Londres peuvent
être repris ici et même augmentés : Les organisateurs, presque tous Anglais,
s'adressant aux Religions historiques qui par leur long passé ont prouvé leur
fécondité ( paroles même de M. Lacombe, le 10-7-39 ) et excluent donc les
nouvelles religions, les nouvelles doctrines, et plus encore les religions
syncrétiques comme le Caodaïsme : fusion intime des croyants bouddhistes,
chrétiens, taoïstes, confucianistes, musulmans, etc. Inutile de dire que le
spiritisme, la théosophie, l'anthroposophie, etc., sont bannis de ce Congrès
qui recherche seulement la collaboration dans la
" respectabilité " des grandes religions, et nullement leur
fusion intime ou leur synthèse. Aucune comparaison de supériorité de religions
n'était tolérée. L'Église catholique, bien qu'officiellement absente, fut en
fait largement représentée ( Professeur Maritain, M. Lacombe, etc. ) et il fut
tous les jours question d'hommages à elle rendus. Une centaine de personnes,
beaucoup anglo-saxonnes, - officiers, administrateurs, professeurs,
aristocrates, haute-bourgeoisie - assistèrent aux " journées "
catholique, juive, bouddhique, protestante, musulmane, hindouiste, intervenant
dans les discussions parfois même en dehors du sujet traité : Comment faire
régner l'esprit fraternel dans le monde par le concours des religions ?
" L'appui officiel donné au Congrès ( MM. Champetier de Ribes et
Georges Mandel ), sa réception en Sorbonne par M. le Recteur Roussy, avec
participation de coloniaux français ( un Général de la Maison du Bey de Tunis,
un administrateur syrien, etc. ), d'un " Comité français " quelque
peu bigarré, ajouta au prestige de ces assises solennelles à l'amphithéâtre
Richelieu du 2 au 11 juillet 1939.
" Le meilleur du Congrès - en dépit des limitations étroites qu'il
s'était fixées et des réserves légitimes - fut sa volonté de clamer les droits
de la personne humaine, si bafoués aujourd'hui dans tous les régimes
totalitaires. Un vœu rappelant les dictateurs à plus d'humanité fut d'ailleurs
adopté en fin de Congrès, et la question des réfugiés semble devoir être
inscrite à l'ordre du jour du prochain Congrès qui se tiendra en Hollande.
" Un appel à toutes les Église officielles a été lancé. Des visites à
Versailles, aux musées parisiens, aux centres intellectuels, à la Mosquée où la
personnalité très parisienne de Kadour ben Ghabrit reçut fort courtoisement les
Congressistes, etc., ont suivi les assises quotidiennes. On a beaucoup parlé,
certes, mais on a aussi agi : Un tel Congrès est un acte, et porte date. On a
voulu le proclamer plus important que la S. D. N. à la suite d'un de ces thés
qui réunissaient les membres certains jours et qui ravivaient la flamme des
prosélytes de l'idée religieuse. "
La Vérité, de Phnom Penh, siège de la Mission étrangère du Caodaïsme,
exprime à peu de chose près le même langage ( 26-7-1939 ) :
Le Caodaïsme au Congrès des religions de Paris ( p. 1 et 5 ) :
" Le Caodaïsme ou Bouddhisme rénové a été représenté cette année au
Congrès des Religions à Paris ( 3-11 juillet ) par M. Gabriel Gobron,
instructeur en France du Caodaïsme, qui retrouva là les personnalités
dirigeantes qu'il avait connues à Londres en 1936 : Sir Francis Younghusband,
président, et M. Arthur Jackman, secrétaire.
" Le Gouvernement français avait tenu à donner son appui au Congrès
des Religions, en la personne de M. Georges Mandel, ministre des colonies, de
M. Champetier de Ribes, ministre des Pensions, de M. le Recteur de l'Université
de Paris, le Dr Roussy, qui offrit le vaste amphithéâtre Richelieu, en
Sorbonne, pour les assises du Congrès. Un Comité français, sous la présidence
du Professeur Louis Massignon, et composé de diverses personnalités : Mme de
Coral - Rémusat, M. Jean Herbert, Mme de Margerie, la Princesse A. Murat, R. de
Traz, M. O. Lacombe, le Professeur Daniel Rops, etc... dirigea les débats,
lesquels furent concentrés sur ce thème fondamental : Comment développer
l'esprit de coopération fraternelle dans le monde par les Religions ?
" Autour de ce problème ainsi posé, on peut néanmoins noter des "
journées " catholique, protestante, hindouiste, musulmane, bouddhiste,
juive, etc... selon que l'orateur principal appartenait à l'une ou l'autre des
confessions. Ainsi, le mardi 4 juillet fut la journée " catholique "
: l'Église catholique s'abstint officiellement de participer aux travaux du
Congrès, mais, en fait, le Professeur Jacques Maritain, M. O. Lacombe, et d'autres
catholiques jouèrent un rôle de tout premier plan dans la semaine du Congrès.
l'Église était invisible, mais présente.
" A vrai dire, la portée du Congrès n'est pas aussi grande, aussi
universelle que l'on pourrait le désirer. Cela tient à certaines limitations
imposées aux congressistes :
1 - Aucune religion ne doit faire de prosélytisme en montrant sa
supériorité sur les autres croyances ;
2 - Il ne peut être question d'union, de fusion des religions, mais
seulement de collaboration avec des religions différentes et devant rester
séparées : une religion d'union, synthétique, comme l'est le Caodaïsme, est
donc assez mal à l'aise dans ce Congrès ; aussi, notre instructeur en France
peut-il déclarer à M. Olivier Lacombe, vice-président du comité français, qu'il
était le seul " hérétique " du Congrès .
3 - L'accès du Congrès, théoriquement, est réservé " aux seules
grandes Religions historiques ayant prouvé leur fécondité par leur long passé
" ( Paroles de M. O. Lacombe, le 1er juillet 1939 ).
" Sir Francis Younghusband tint cependant à déclarer à M. Gabriel
Gobron qu'il était le bienvenu, qu'il avait liberté de parole et de discussion
comme tout le monde, après que celui-ci eut remis sa délégation des autorités
caodaïstes au secrétariat en Sorbonne.
" M. Georges Mandel, ministre des Colonies, avait assuré la
participation d'élément de l'Empire français aux travaux et débats. C'est ainsi
que le Général Hasan Husny Abdelwhab, de la maison du Bey de Tunis, un attaché
du Haut Commissariat de Syrie, par exemple, représentaient l'Islam. Par contre,
notre instructeur en France ne paraît pas avoir rencontré d'éléments français
de l'Asie, l'hindouisme et le bouddhisme étant seulement représentés par des
éléments anglais : le Bhik-khu-Thittila ( Monastère de Rangoon ), le Professeur
Dasgupta ( Calcutta ), etc...
" Chaque journée, à Paris comme à Londres en 1936, comprenait un
exposé le matin, puis une discussion l'après-midi, suivis de visites aux
curiosités ( Versailles, musées, etc. ) et aux foyers intellectuels de Paris (
Institut de Civilisation indienne, Mosquée, Association France-Grande-Bretagne,
etc. ). Notre instructeur en France ayant critiqué l'organisation du Congrès de
Londres où les intellectuels isolés, ne représentant rien qu'eux-même ( et
parfois leurs petites vanités ), occupaient le plateau de l'orateur pendant une
heure ou deux, la préférence fut accordée à Paris aux représentants des
communautés, selon les termes mêmes du règlement du Congrès en Sorbonne. Ainsi,
les dilettantistes et les amateurs se trouvèrent écartés au profit de grands
noms comme le Professeur Jacques Maritain ( Institut catholique de Paris ),
Professeur Dasgupta ( hindouisme ), Dr Sié ( Université de Nankin ), Général
Hasan Husny Abdelwahab ( Maison beylicale ), bhikkhu Thittila ( Monastère de
Rangoon ), Professeur Hauter ( Faculté protestante de Strasbourg ), etc...
" Le mardi 11 mit fin aux travaux et débats des plus fraternels et des
plus courtois. On se quitta avec peine, avec un certain déchirement, après
avoir voté des vœux, des résolutions, examiné des projets, des améliorations,
fixé le lieu du prochain Congrès en Hollande, etc...
" Signalons, parmi d'innombrables choses intéressantes, un vœu
demandant aux Dictateurs de manier leurs peuples avec plus d'humanité ; des félicitations
à Chamberlain pour son œuvre de paix ; des remerciements aux autorités
françaises dont la bienveillance pour toutes les religions n'est plus à
démontrer ; la possibilité envisagée pour Strasbourg, Jérusalem, Genève,
etc..., d'accueillir les prochains Congrès ; une invitation à toutes les Église
de donner la plus large publicité aux travaux du Congrès dont un orateur a pu
dire qu'il remplaçait désormais la Société des Nations, torpillée par les
politiciens et leurs inspirateurs. La question des réfugiés a été proposée pour
l'an prochain.
" Le Comité français a décidé de continuer à Paris même le travail de
rapprochement et de compréhension mutuelle des Grandes Croyances. Plusieurs
associations inter-religieuses ont été signalées dans la capitale et se sont
offertes aux congressistes désireux d'assister à leurs réunions et de
s'associer à leurs efforts.
" Nous pensions que l'heure n'est pas éloignée où le Caodaïsme aura un
grand rôle à jouer, par son exemple vivant, dans ces Congrès mondiaux des Religions.
"
LES PAPES DU CAODAISME
Le Populaire ( Sàigon, 18-11-35 ) publiait la nouvelle : A Tây-ninh, M.
Pham Công Tac succède à M. Lê Van Trung et devient Pape Caodaïste :
" A l'occasion de l'anniversaire du décès de M. Lê Van Trung, Pape
caodaïste, de grandioses cérémonies ont eu lieu au temple de Tây-ninh les 8, 9
et 10 novembre dernier, cérémonies auxquelles ont participé plus de cinq mille
fidèles.
" Un grand Concile composé du Hôi Nhon-Sanh ( Conseil populaire ) et
du Hôi Thanh ( Conseil sacerdotal ) s'est tenu les 11 et 12 novembre à la fin
des fêtes pour résoudre l'épineuse question de la succession de M. Lê Van
Trung.
" A l'unanimité des voix, le Hôi Nhon-Sanh et le Hôi Thanh ont confié
cette lourde charge au Hô Phap Pham Công Tac. Toutes les motions de confiance
ont également obtenu le vote unanime du grand Concile.
" Ainsi fut réglée une question qui a attiré maintes fois l'attention
de l'opinion publique.
" Espérons que sous l'égide du nouveau chef, le caodaïsme pourra faire
tranquillement son chemin. "
Le journal signalait les cérémonies :
" A l'occasion de l'anniversaire du décès de M. Lê Van Trung, Pape
caodaïste, de grandioses cérémonies auront lieu les 8, 9, 10 et 11 novembre au
temple caodaïque de Tây-ninh.
" Voici le programme des cérémonies :
" 8 novembre. - 14 heures : Grandes cérémonies de fin de deuil au
Giao-Tông-Duong.
" 9 novembre. - 19 heures : Transfert du Linh-vi au Temple ;
- 20 heures : Cérémonies au Temple.
" 10 novembre. - 19 heures : Transfert du Linh-vi sur la place de la
Fraternité universel.
" 11 novembre. - 6 heures : Cérémonies devant le Cuu-Trung-Thiên.
Oraisons funèbres prononcées par les grands dignitaires. "
A l'occasion du Xè anniversaire, la Presse indochinoise ( 3-9-36 )
rappelait au public indochinois ce qu'est le Caodaïsme ou Bouddhisme rénové :
" Le Caodaïsme, religion nouvelle née en Indochine en 1926, a prodigué aux premiers initiés, par la voix du
Maître Suprême, Cao-Dài, ses enseignements sous forme de messages occultes que
des médiums ont scrupuleusement recueillis pour les transmettre à la postérité.
" Le truchement du spiritisme permet à de nombreux messages émanant
des grands sages de l'Antiquité, de parvenir régulièrement de l'Au-Delà au Saint-Siège de Tây-ninh (Cochinchine).
" Les adeptes de plus en plus nombreux du Caodaïsme apprennent ainsi
que le fonds des dogmes est la Loi des Trois-Saints : Bouddha, Lao-Tseu,
Confucius.
" Les préceptes généraux du Bouddhisme sont de ne pas tuer, de ne pas
voler, de ne pas désirer la femme d'autrui, de ne pas porter de faux
témoignage, de ne pas s'enivrer. Le Bouddhisme va même très loin dans la
recherche de la perfection puisqu'il enseigne l'Amour envers son ennemi,
précepte que notre Occident, qui donne le spectacle le plus affligeant de
haine, de cruauté, de vengeance que l'Histoire enregistre, regarde comme une
dérision.
" Le Taoïsme, dont la doctrine tient entière dans le Livre Révéré de
la Raison Suprême et de la Vertu, développe parallèlement à sa philosophie des
pensées éminemment chrétiennes quoiqu'il soit de près de six cents ans
antérieur au Christianisme. Il prescrit le culte du vrai et la discipline du
caractère. Ceci démontre qu'on peut rencontrer chez des nations considérées
comme barbares par notre vieille Europe, la pratique des maximes de douceur et
de mansuétude propres à entretenir l'union et la bienveillance parmi les
hommes.
" Le Confucianisme, dont les préceptes ne vont pas à l'encontre de
notre esprit scientifique moderne, montre un souci constant d'élever l'humanité
au-dessus de la bestialité en développant les qualités, en créant une élite
morale et intellectuelle pour guider vers le bonheur les incapables et les
ignorants auxquels manque l'élément primordial d'Intelligence, de Raison et de
Connaissance.
" Aux dogmes des Trois-Saints s'ajoutent la religion d'Amour et de
Bonté du Christ, le respect des morts et le culte de la famille.
" En résumé, le Caodaïsme qui fait preuve d'une grande tolérance
envers toutes les religions existantes puisqu'il les englobe toutes, se donne
pour but de combattre l'hérésie ; semer parmi les peuples l'amour du bien et
des créatures de Dieu, la pratique de la vertu ; apprendre à aimer la justice
et la résignation ; révéler aux humains les conséquences posthumes de leurs
actes, tout en assainissant leur âme.
" Pour tous renseignements, s'adresser à : " M. Pham Công Tac,
supérieur du Caodaïsme, Saint-Siège à Tây-ninh. " M. Dang Trung Chu, chef
des Missions étrangères à Phnom-Penh. " M. Trân Quang Vinh, chef adjoint
des Missions étrangères à Phnom-Penh. " Mme. Batrya ( Trân Kim Phung ),
Giao-Su, chef de la Section féminine à Phnom-Penh.
HIEP-THIEN-DAI
"M. Cao Duc Trong,
Tong Dao (Médium) est Phnom Penh .
EN EUROPE
" M. Gabriel Gobron, instructeur en France du Bouddhisme rénové,
lauréat de l'académie française, 12, rue Thiers à Rethel ( Ardennes )
France(1). " International Correspondance : English, Deutsch, Italiano,
Espagnol, Portugùes.
NOS DIVERS REPRÉSENTANTS
"M. Charles Bellan, opérateur administratif des services civils de
l'Indochine, 8, place P. Royal, Paris. " M. Henri François, Archives
municipales à Nantes (Loire-Inférieur), France. "G. Gabriel Abadie,
Giao-Huu, Service judiciaire et Ha Noi (Tonkin). " M. Delagarde, Le-Sanh,
PTT, Ha-noi. "M. Bui Que, Le Sanh, village d'An-Cuu, Hameau Nhi-Tay à Hué
(Annam). " M. Mai Van Nghia, Le-Sanh, 130, route de Hue à Ha-noi. "M.
Nguyen Van Khoe, Le-Sanh, secrétaire principal des Douanes, etc., etc ...
De nombreux quotidiens annoncèrent les manifestations : " Grande fête
caodaïste à la mémoire du Pape Lê Van Trung " :
" Le temple caodaïste de Tây-ninh est depuis ces jours-ci très animé.
Des milliers de fidèles y travaillent fiévreusement en vue d'achever les
préparatifs destinés à célébrer dignement la mémoire du disparu.
" Les cérémonies qui commenceront le jeudi 26 novembre à 19 heures
dureront pendant trois jours. Le Sacerdoce fêtera, par la même occasion, la
liberté de culte que le libéralisme du Gouvernement français a accordée à la
Religion. Toutes les circonscriptions caodaïstes de l'Indochine sont appelées à
y participer.
" Un programme grandiose est prévu : retraite aux flambeaux, corso
lumineux, grand feu d'artifice. " Une grande fête en perspective. "
On assure même que ce sera la plus grande fête depuis fondation du Caodaïsme.
"
La Vérité ( 20-11-36 ) rendit compte des joyeux événements en ces termes :
" Au Saint-Siège caodaïste, vingt mille fidèles ont célébré le dixième
anniversaire de cette religion. Le deuil du Pape Lê Van Trung est levé " :
" ( De notre envoyé spécial, 28 novembre ). - De tous les coins de la
Cochinchine, du Cambodge et même de certaines tribus moïs, des milliers de
fidèles sont venus au Saint-Siège caodaïste à Tây-ninh ces jours-ci pour
célébrer le " Dai-Tuong ", à la suite duquel, le deuil du pape Lê Van
Trung sera levé.
" Il y a exactement deux ans que le Pape caodaïste - pour employer une
expression en honneur ici - est décédé. La scission caodaïste en deux grands
camps adversaires allait être définitivement consommée à l'occasion de la
nomination de son successeur. Alors qu'à la terre sainte le sacerdoce désigna
prudemment
" Monseigneur " Pham Công Tac aux fonctions de chef provisoire
sans en donner le titre officiel de la religion, à My-tho, M. Nguyên Ngoc Tuong
s'est fait décerner le titre Giao-Tông ( Pape caodaïste ) par quelques
centaines de fidèles. Le nouveau pape ainsi nommé, accompagné d'une foule de
partisans, s'était présenté au temple de Tây-ninh, pour prendre ses fonctions
et aussi pour assister aux obsèques du grand défunt. L'entrée du Saint-Siège de
la nouvelle religion fut interdite au chef de la secte de My-tho, car c'est
seulement à la terre sainte que la véritable parole divine peut parvenir aux
supérieurs de la religion par le truchement médiumnique. Cao-Dài n'a-t-il pas
désigné Monseigneur Pham Công Tac à la Dignité de chef suprême de la Religion ?
" On comprend dès lors pourquoi les dirigeants caodaïstes tiennent à
donner à la fête du Dai-Tuong un éclat inaccoutumé. Des corsos fleuris auraient
défilé dans la ville de Tây-ninh sans l'interdiction du chef de la province.
Nous croyons que cette interdiction n'est pas justifiée puisque tout s'est
déroulé dans le calme partout. Corsos fleuris, retraite aux flambeaux, feux
d'artifice pendant ces trois jours de fête augmentent la liesse populaire. La
lumière électrique à profusion donne à la terre sainte l'aspect d'une petite
ville agitée.
" Nous avons rencontré les plus grands chefs. Le chef actuel de la
religion, que nous avions côtoyé ailleurs, avant sa conversion caodaïste, avait
en effet travaillé dans la douane ; tandis que notre ami d'enfance, Lê Thê
Vinh, chef du protocole, a milité comme " Jeune Annam " pour
l'amélioration du sort du peuple annamite.
" Ce soir, le deuil du pape Lê Van Trung sera levé, des allocutions
seront lues, qui nous renseigneront sur la situation actuelle du mouvement
caodaïste, sur ses tendances, ses possibilités, son avenir. On sait que le
caodaïsme est né seulement en 1926, sous l'impulsion du mouvement de tables
tournantes, importées de France. Mais ce que le grand public ne sait pas, c'est
qu'un Français métis, lecteur fidèle de Léon Denis et Allan Kardec, a payé de
sa poche pour la propagande des idées " spirites " dans la colonies,
ce qui n'a pas peu contribué au développement extraordinaire de la nouvelle
religion qui met sur la même ligne : Confucius, Laotseu, Cakya-Mouni et
Jésus-Christ. Ce syncrétisme étrange explique d'ailleurs le rapide succès du
mouvement auprès des Annamites et même des Cambodgiens.
" Le Gouvernement a pu craindre un moment cette naissance tardive de
religion en plein XXè siècle ; mais depuis, nos dirigeants ont autorisé sa
propagande au Tonkin ; des missions caodaïstes sont même allées en France, en
Chine.
" La manifestation actuelle à Tây-ninh servira-t-elle de point de
départ à la consolidation et à l'extension du mouvement, ralenti ces toutes
dernières années ?
" Les chefs caodaïstes nourrissent-ils l'ambition de devenir des chefs
spirituels d'une partie de l'Extrême-Orient grâce au développement caodaïste ?
" Un proche avenir nous fournira la clé de ces énigmes. "
SROK-SAROU.
L'INAUGURATION DU TEMPLE
CAODAISTE DE PHNOM - PENH
Le samedi 22 mai 1937, eut lieu cette imposante cérémonie dont un discours
du Giao-Su Thuong Vinh Thanh, Chef adjoint de la mission étrangère du Caodaïsme
ou bouddhisme rénové ( que l'on croit être la réincarnation de François Hugo ),
constitue la pièce maîtresse. En voici quelques larges extraits :
" Lorsque notre Sacerdoce m'a désigné pour prendre la parole en ce
jour où nous allons inaugurer notre première Église bâtie dans la capitale du
Royaume du Khmer, j'ai longtemps hésité à accepter cet insigne honneur,
craignant d'être au-dessous de la mission qui me parut trop difficile et trop
délicate. Il a fallu l'insistance de tous mes frères du Conseil Sacerdotal, en
particulier celle de notre Doyen l'Évêque Thuong Bay Thanh, qui est en même
temps notre Vénérable et premier Ouvrier de la Mission Étranger du Caodaïsme ou
du Bouddhisme rénové, pour me décider à paraître aujourd'hui devant une
affluence aussi impressionnante et aussi choisie.
" Parlant un français encore incertain et surtout n'ayant pas
l'habitude des tribunes, je sollicite toute votre indulgence à mon égard.
" ... Veuillez bien me croire, Mesdames et Messieurs, que vous vous
trouvez dans une maison où la paix et la concorde règnent, où la plus large
tolérance a droit de cité, où le moindre mot discordant ne doit être prononcé,
où tous ceux qui se réunissent se font un devoir de s'aimer comme des frères et
des sœurs afin de suivre l'unique loi de Dieu le Créateur, notre Père à tous, à
quelque race que nous appartenions, de quelque pays que nous venions.
" Nous avons choisi pour l'inauguration de notre premier Temple la
date de l'anniversaire de la désincarnation du Grand Français, du Grand Humain
qu'est Victor Hugo, qui est depuis 1927 notre Chef spirituel tant aimé et
vénéré. Nous avons voulu ainsi marquer notre reconnaissance à la France, le
pays où est né le Grand Poète que nous avons appris à aimer sur les bancs des
écoles françaises, cette France chevaleresque, généreuse et humanitaire.
" C'est en 1927 que le Supérieur actuel du Bouddhisme rénové, M. Pham
Công Tac, vint au Cambodge et l'Esprit de Victor Hugo se manifesta d'abord par
les tables tournantes, puis par les planchettes, enfin par la corbeille à bec. Ainsi
fut fondée la Mission Étranger caodaïque et l'Esprit Victor Hugo devint notre
chef spirituel. Sous ses enseignements, nous avons pu propager la nouvelle
Doctrine sainte, d'abord sur le territoire du Cambodge, puis en France et au
Laos, ensuite en Annam et au Tonkin. "
Suit un hommage à ceux qui ont fréquemment fait des démarches en France ou
en Indochine pour défendre la cause du Caodaïsme : Me Roger
(1) Note de 1948 : Pour l'Europe s'adresser Mme Vve Gabriel Gobron,
représentant du Bouddhisme rénové, 9, rue de Serre à Nancy (Meurthe-et-Moselle
) France.
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