Notre inversion fut cordiale, amicale, alliances
fraternelle iscrible, à tout moment M. Pham Công Tac un barrage de pontificat,
ni une intolérance inestimable.
C'est un esprit très éclairé, ses conceptions religieuses sont sans doute
quelque peu éloignées des nôtres, mais l'idéal poursuivi est si beau, que nous
n'avons pu que nous incliner devant sa foi sincère, en nous remémorant ce qui
est écrit dans tous les antiphonaires de Noël :
" Gloire à Dieu au plus haut des Cieux. Et paix sur terre aux hommes
de bonne volonté ! "
Nous ajouterons qu'après avoir vu et entendu, nous estimons que les
caodaïstes sont vraiment des hommes de bonne volonté.
A une question que nous lui posions au sujet de la doctrine exposée dans la
brochure remise gracieusement à tous les visiteurs, ainsi exprimée :
" Sans être polythéiste de fait, il l'est par principe car en dehors
de l'adoration officielle du Dieu Suprême, il permet à ses adeptes la libre
vénération d'autres dieux qui conquièrent son cœur. "
Nous faisions en effet remarquer à M. Pham Công Tac, que dans toutes les
révélations faites aux hommes au sujet de la Divinité, il était un fait acquis,
même pour les occultistes, qu'il n'y avait qu'un seul Dieu, en trois personnes,
que l'on désignait par l'appellation de " Divine Triade ".
C'est exact, nous répliqua M. Pham Công Tac, mais pour nous, Dieu est :
" L'Incommensurable, l'Éternel, le Très-Haut, l'Absolu, il n'a pas de
nom. "
Dans notre religion, le mot " dieux " qui vous a choqué, n'a pas
le sens païen que vous lui prêtez, il désigne simplement les esprits détachés
complètement de la matière et se rapprochant le plus possible du Très-Haut.
Ce sont en quelque sorte des Saints.
Les noms de notre Éternel, lui ont été donnés par tous les peuples et sous
différentes formes.
Ces différents noms, divisent l'humanité au lieu de l'unir, c'est pour cela
que nous ne l'appelons pas Dieu, mais le Très-Haut, l'Absolu, l'Éternel.
A une autre question concernant le Christ, la réponse fut tout aussi
catégorique : "Nous ne cherchons pas à détruire la doctrine du Christ,
nous venons, au contraire, la fortifier, car il est impossible de nier
l'existence du Christ. Nos efforts ont pour but de préparer, par la
spiritualité, la régénération de l'humanité tout entière, qui semble avoir
oublié toutes les maximes du Christ, qui, si elles avaient été suivies,
auraient gardé la paix au Monde.
Le Caodaïsme est le pont jeté sur le fossé profond ( qui paraissait
infranchissable ) séparant le Christ du Bouddha, qui fut son Précurseur, et
dont l'harmonie des deux doctrines, qui se complètent, est nécessaire à l'union
des peuples occidentaux et asiatiques pour faire régner la fraternité entre
eux. "
Nous n'avons pu que nous incliner devant d'aussi sages paroles, qui
correspondent d'ailleurs à celles du Christ, rapportées par saint Mathieu
l'évangéliste : " Je ne suis pas venu annuler la Loi, les Prophètes, je
suis venu les continuer et les compléter. "
Il est d'ailleurs curieux de constater que depuis quelques années, dans le
monde entier, le nombre d'hommes qui s'intéressent aux Écritures saintes, croît
sans cesse ; ce besoin de croyance est typique et est pour nous la preuve
tangible que le temps prédits par Daniel et saint Jean, où le Christ va revenir
sur la terre distribuer à chacun son salaire, sont désormais proches.
Aussi, nous ne pouvons que nous réjouir de œuvre entreprise par le
Caodaïsme, de ramener vers le Christ, par une transition nécessaire, les brebis
égarées de l'Extrême-Orient, pour que, selon la parole de saint Jean :
" Il n'y ait plus qu'un seul Pasteur et qu'un seul troupeau. "
Le Populaire d'Indochine ( 27-11-36 ) eut également un entretien avec le
Supérieur du Caodaïsme, dans les circonstances que voici :
" Une foule que l'on peut évaluer à quelque vingt mille personnes
occupe les allées, les jardins et les " sous-bois " de Tây-ninh
depuis hier.
Ils sont venus de tous les coins de la Cochinchine, les uns en barque, les
autres en charrette. Ils campent à ciel ouvert, hommes et femmes, assis sur des
nattes, tous près des grands bœufs qui les ont amenés jusqu'ici.
Tây-ninh est en fête.
Tây-ninh célèbre la fin du deuil du défunt Pape Lê Van Trung.
Sur la grande place de la " Fraternité universelle " qu'éclaire
la lumière crue d'un soleil accablant, un grand autel a été dressé à la mémoire
de l'ancien chef du Caodaïsme.
Sur cet autel est tendue une immense toile représentant le portrait de Lê
Van Trung dans ses attributs sacerdotaux.
Des deux côtés de la gigantesque esplanade qu'est la place de la "
Fraternité " sont alignées, province par province, les délégations de
l'intérieur, avec leurs chefs, leurs bannières, leurs oriflammes. Une nouvelle
réglementation établie seulement après le décès de M. Lê Van Trung a porté la
date de fin de deuil à vingt mois et non plus vingt-quatre mois.
Mais pour M. Lê Van Trung, l'ancienne réglementation a été maintenue.
En attendant la grande fête de nuit, nous sommes allés rendre visite au
successeur de M. Lê Van Trung, M. Pham Công Tac, dans sa petite villa, tout au
fond de l'allée " Thuong-Trung-Nhut ".
M. Pham Công Tac nous reçoit avec la délicate courtoisie que chacun lui
connaît.
Il répond avec bonne grâce à toutes nos questions :
- Êtes-vous entré en communication avec l'esprit de M. Lê Van Trung ?
- Oui, plusieurs fois déjà.
- Par vous-même ou par l'intermédiaire d'un médium ?
- Par l'intermédiaire d'un médium, bien que je sois médium moi-même, et que
j'aurais pu entrer directement en contact avec l'esprit du défunt pape.
- Quelles recommandations a-t-il faites ?
- De nous efforcer d'ouvrir notre religion à toutes les Fois, toutes les
croyances, dans un large esprit de tolérance, de détruire l'erreur matérialiste
partout où nous la rencontrerons...
- Parlez-nous de œuvre de propagande du Caodaïsme à l'étranger.
- Ce n'est pas là une œuvre facile, car il convient de ne pas éveiller les
susceptibilités des nations où l'on va. Pour notre propagande en chine, les
membres de la mission sont déjà désignés, mais ils achèvent en ce moment leur
formation culturelle au Séminaire.
- Combien y a-t-il de Séminaires caodaïstes ?
- Deux : Un à Tây-ninh, l'autre à Phnom-Penh. Le Gouvernement nous avait
suggéré de nous en passer. Mais la chose n'est pas possible, car il faut former
de véritables prêtres.
- Avez-vous des Français dans votre religion ?
- Mais oui. De nombreux Français s'initient par correspondance à notre
religion.
En France, Mme Félicien Challaye assure les pouvoirs exécutifs avec le
titre de " Giao-Su " ( c'est-à-dire Évêque ) tandis que M. Gabriel
Gobron assure les pouvoirs législatifs avec le titre de " Tiêp Dân Dao
Nhân " (c'est-à-dire instructeur ).
- Quel est le nombre actuel des adeptes du Caodaïsme ?
- A un moment, le schisme de Bên-tre a porté tort à notre religion, qui a
vu s'éloigner d'elle de nombreux fidèles.
Mais, aujourd'hui, nous avons reconquis les neuf dixièmes du nombre
d'adeptes que nous avions au moment de la plus grande extension du Caodaïsme.
Le nombre s'élevait à un million.
Au Tonkin, nous avons entre 6 et 7.000 fidèles. "
Sur ces mots, prenons congé de M. Pham Công Tac, car de nombreux visiteurs
désireraient également s'entretenir avec le pape.
Dès 7 heures du soir, les jardins de Tây-ninh s'illuminent de mille
lampions, tandis que les images en papier représentant des génies s'éclairent
de lumières tamisées.
Une lune sans tache donne à cette cérémonie un caractère légèrement irréel.
Des dizaines de milliers de fidèles occupent déjà les emplacement qui leur
ont été réservés pour le défilé de la grande procession.
Et l'on ne peut nier qu'un certain mysticisme se dégage de ce cortège
silencieux, d'une blancheur lunaire, de ce défilé interminable sous les grands
arbres que n'agite pas la moindre brise, que ne trouble pas le moindre cri.
"
Enfin, le Caodaïsme, parmi ses adversaires, a rencontré également les
spirites, certains spirites, malgré son origine et ses pratiques spirites ( au
moins, dans le Sacerdoce qualifié ). Cela tient à ce que le spiritisme est le
vin nouveau qui fait éclater les vieilles outres : une foule d'adeptes n'ayant
rien compris à l'explosion du spiritisme dans notre monde ultramoderne, se
chamaillent et se disputent pour savoir s'il est une philosophie, une science,
une religion, sans se rendre compte ( ou sans vouloir se rendre compte ) qu'il
est tout cela à la fois, et ne supporte pas ce " compartimentage "
artificiel de pédants ou d'ignorants.
Nous avons donc des pays spirites religieux ( Grande-Bretagne, Brésil, etc.
)et des pays spirites scientifiques ( France, Italie, Cuba, Argentine, etc. ).
Mieux : dans le même pays, on trouve des groupes à tendance religieuse (
spiritisme christique en Angleterre, en France, etc. ) et des associations à
tendance scientifique ( " Revue Spirite " à Paris, " Revue
Spirite Belge " à Liège, etc. ).
Les spirites " scientifiques ", en général, sont hostiles au
Caodaïsme, auquel ils reprochent ses cérémonies, ses rites, son sacerdoce, ses
" catéchismes ", et pour un peu, ces bons apôtres l'excommunieraient
sans même vouloir l'entendre ! Je sais ce que je dis en écrivant ces pénibles
constatations...
Ils voudraient, pour un peu, une Asie plus voltairienne que Voltaire ! Une
telle ignorance n'est pas encourageante...
M. Pham Công Tac, supérieur du Caodaïsme, m'écrivait, le 25-3-35, du
Saint-Siège de Tây-ninh ( cochinchine ), une lettre que je publie, non pour les
appréciations flatteuses qu'elle contient sur moi ( on me croira peut-être si
j'avoue ceci : je ne suis pas encore arrivé à travailler, à œuvrer
impersonnellement, anonymement, comme doit le faire pour le service social tout
Initié évolué, mais je suis arrivé à l'indifférence absolue devant les louanges
et les critiques exprimées sur mon œuvre et sur moi ), mais pour certains
enseignements, pour certaines précisions qu'elle renferme :
" Mon cher Frère,
" Notre Frère, M. Vinh, m'a donné communication de toutes vos lettres,
ainsi que de vos articles parus dans diverses revues.
" Permettez-moi de vous remercier du fond du cœur de vous être occupé
de la nouvelle Doctrine avec un si noble dévouement. Notre Maître Divin vous en
tient grand compte, et nous prions qu'Il vous donne une meilleure santé pour
pouvoir continuer sans interruption œuvre que vous avez si bellement
entreprise. Dès ce soir, j'irai officier et présenterai à cet effet une
supplique à notre Divin Maître. Croyez bien que j'ai été très peiné d'apprendre
que vous souffrez, et que, de temps à autre, la maladie vous cloue au lit. Il
faut que vous soyez bien portant pour travailler. L'homme n'a que peu d'années
à vivre sur cette terre d'épreuves, et le temps lui est précieux, très
précieux, lorsqu'il sait l'employer.
" L'Humanité vit dans les souffrances, il est de notre devoir de
chercher, par tous les moyens, sinon à supprimer ces souffrances, du moins à
les alléger. Tant qu'il nous reste encore un souffle de vie, travaillons,
travaillons toujours à la régénération de l'homme, à sa perfection, à la
fraternisation des races, à la paix universelle, paix tant promise ( et si peu
réalisée ).
" C'est grâce à votre inlassable activité que vous êtes arrivé à faire
connaître la nouvelle Doctrine dans de nombreux milieux de divers pays. Je vous
prie de persévérer dans votre tâche, car je suis fermement convaincu qu'un jour
très prochain vos efforts seront couronnés de succès.
" J'ai la certitude que notre Maître Divin et de nombreux Esprits
veillent sur vous et vous inspirent merveilleusement.
" Ayez toujours des relations intimes et suivies avec les Cercles
spirites et faites comprendre à leurs membres que, de par la Volonté divine,
nous autres, Cochinchinois, n'avons qu'une petite mission qui se borne
simplement à créer un Sacerdoce auquel nous inculquons une FOI, la grande Foi
en Dieu, et qu'il faudra le rassemblement de tous les messagers spirites du
Monde entier pour préparer le Nouvel Évangile capable de rénover le Monde dans
le chemin de la Vérité, afin que l'homme na marche plus dans les ténèbres et
qu'il sache d'où il vient, ce qu'il fait dans la vie présente, et ce qu'il
devient après sa mort.
" Vous êtes tout spécialement désigné pour cette tâche grandiose. Dieu
vous a fait polyglotte à cet effet. Vous avez ce grand avantage sur nous tous
ici, qui, en dehors de notre langue maternelle, ne parlons et n'écrivons
qu'imparfaitement le français.
" Je sais que les spirites ont chez eux des principes immuables,
qu'ils ne veulent pas de religion ni de rites encombrants, qu'il sera très
difficile de leur faire admettre nos idées et accepter la nouvelle FOI. Mais
j'ai confiance que Dieu et les Esprits vous aideront dans cette tâche ardue, et
quand le moment viendra, leur Grand Maître Allan Kardec se manifestera pour les
ramener vers nous. L'Esprit Victor Hugo, sous le pseudonyme
" Symbole ", leur a dressé plusieurs messages.
" D'autre part, le Frère François, de Phnom-Penh, m'a communiqué sa
réponse au Frère Henri François, de France. J'en approuve pleinement les
termes... Je me plais à répéter ceci : " Les intellectuels, les savants,
sont généralement portés aux extrêmes : ils sont ou athées ou croyants, parfois
jusqu'à l'intolérence, pour ne pas dire au fanatisme. Soyons dans le juste
milieu, comme nous le recommande le Sage Confucius. "
" Ci-inclus la traduction d'un message que notre Frère Cao Duc Trong (
Tiêp-Dao ) et moi avons obtenu de l'Esprit Victor Hugo, concernant les
dignitaires du Hiêp-Thiên-Dài. Veuillez lire les explications données à ce
sujet au Frère Henri François par son homonyme du Cambodge.
" Je pense que vous avez été sollicité par bien des personnes pour
leur dire comment nous arriverons à unifier toutes les Religions, qui, par
leurs principes, dogmes, rites, croyances, etc. diffèrent si sensiblement,
s'opposent même et se contredisent, pour ne pas dire " se posent en
adversaires ".
" Nous pourrons répondre par ces quelques phrases qui, à mon avis,
expliquent la question assez clairement malgré que ce soit laconique.
" Considérons les Religions comme des Facultés d'Université.
" Pour être admis dans une des Facultés, l'étudiant doit avoir au
préalable avoir obtenu son baccalauréat, qui est la clé lui donnant l'accès à
la Faculté de son choix.
" Pour avoir son parchemin, l'étudiant doit passer par toutes les
classes élémentaires, primaires, etc., où il doit acquérir un bagage suffisant
de connaissances diverses, voire même hétéroclites.
" Pour former une Université, il faut plusieurs Facultés. Chaque
Faculté a son enseignement particulier, mais toutes les Facultés doivent être
sous une direction unique : le Recteur.
" Les connaissances diverses acquises serviront toujours dans sa vie
future à l'étudiant et lui donneront le cachet d'un homme instruit. Dans la
Faculté de son choix, il lui faut perfectionner les matières de son goût, mais
les autres déjà acquises ne lui sont pas tout à fait inutiles.
" L'ingénieur est versé en mathématiques, le médecin connaît
l'anatomie, l'avocat doit être ferré en droit, mais chacun d'eux est tenu de
savoir, en plus, les lettres, les chiffres, un peu d'autres matières, toujours
nécessaires dans la vie.
" Malgré leurs connaissances particulières, leurs métiers, ils ne
peuvent pas vivre hors de la Société. Ainsi, la Société les réunit au sortir de
leurs études. D'ailleurs, l'ingénieur ne peut se passer du médecin, ni le
médecin de l'ingénieur.
" Il en est de même des religions.
" L'hommes laïc, c'est-à-dire non religieux, doit avoir acquis
quelques principes de morale, quelques notions de philosophie, etc., pour ne
pas se faire déconsidérer, se faire exclure de la Société. Il se prépare là à
entrer dans une religion de son goût.
" Les religions sont comme des Facultés : superficiellement, leurs
dogmes, croyances, etc., paraissent n'être pas en harmonie entre eux, ils sont
souvent en opposition. Ils doivent être ainsi, parce qu'un homme a un goût, un
penchant, un désir, une instruction, une éducation, le plus souvent
complètement différents de ceux de son voisin.
" Les religions ont été créées différemment à cause du stade de
civilisation des peuples, de leur degré d'évolution, de l'ambiance, du milieu
où ils vivent, de leurs mœurs et coutumes, etc. Mais au-dessus de toutes ces
choses si divergentes, il y a le CRÉATEUR, DIEU, c'est-à-dire la Conscience
Universelle qui unit tous les hommes malgré les diverses couleurs de leur peau,
leur degré de civilisation, etc.
" C'est au Caodaïstes de se mettre au service de la " GRANDE FOI
EN DIEU " pour cette " UNION ", qui mettra fin au terrible
CAUCHEMAR qu'est la Guerre Mondiale, fratricide, dont les hommes sont hantés,
et qui se prépare si activement en ce moment en Europe.
" Les dogmes, le sectarisme enferment l'homme dans un cercle très
réduit, où il ne voit qu'une toute petite partie du monde solaire qui éclaire.
Il doit évoluer ; aussi, il doit chercher à savoir, à progresser, afin de ne
pas piétiner sur place. Il ne faut pas que les religions soient pour lui comme
le cordon qui encercle un enfant sachant déjà marcher, mais qu'une nourrice à
l'esprit obtus ou ayant une peur irraisonnée de sa responsabilité, tient
toujours fortement entre ses mains, sous prétexte que l'enfant pourra perdre
son équilibre et tomber.
" L'humanité présente est assez " grand' enfant " pour qu'on
ne la tienne plus en laisse et qu'on l'empêche de marcher vers le Sublime. Il
lui faut le grand air de l'Infini, pour être conforme à son état d'âme et à sa
dévotion. Il faut qu'elle puisse agir et vivre dans la Vérité, mais pas dans
les ténèbres, ni même dans le doute obsédant et obsesseur.
" A vous lire agréablement tantôt, je vous quitte en vous embrassant
bien fort, en demandant à Dieu de vous couvrir de sa bénédiction et de ses
grâces, et en vous priant de faire agréer à notre chère sœur, Mme Gabriel
Gobron, mes respectueux hommages.
"TAC PHAM TAC,
" Supérieur du Caodaïsme,
" Saint-Siège de Tay-ninh. "
Comme on l'a vu, c'est autant au collaborateur de la Revue Spirite ( Paris
) qu'à l'instructeur caodaïste que Sa Sainteté s'est adressée. Si nous avons
essuyé, en certains milieux spirites, de désagréables rebuffades, force nous
est de remercier M. Hubert Forestier, notre Ami. Rédacteur en chef de la Revue
Spirite, qui n'a jamais fait d'objection à l'insertion d'un " papier
" pouvant rendre confiance aux frères d'Annam, en les aidant à sortir de
leur martyrologe. Au contraire ! Il a toujours été heureux d'intervenir en leur
faveur, notamment pour me faciliter la tâche, en certains Congrès Spirites
Internationaux ( Barcelone 1934, Glasgow 1937 ), et pour donner la plus large
publicité à certains documents en faveur du Caodaïsme.
Dans les milieux théosophiques, même compréhension, en général, malgré
certains éléments anticaodaïstes, incapables de réviser un premier jugement
cristallisé, et qui ont influencé en mal d'autres théosophies...
Quant aux " Princes " et aux " Seigneurs " de
l'Hermétisme, de l'Occultisme, certains devraient bien se défaire de l'orgueil
satanique qui les enivre et les fait délirer !
AU SERVICE DU CAODAISME
J'ai donné bien des moments de ma vie au Caodaïsme. J'ai partagé ses
peines, ses douleurs, ses découragements, aux instants tragiques où les
docteurs de la lettre et les fils de la haine le brimaient et le persécutaient
de cent façons, cyniques ou hypocrites. J'ai vécu ses joies, ses espérences,
ses triomphes, aux moments heureux où les chevaliers de l'esprit et les hommes
de bonne volonté lui accordaient une trêve ou reconnaissaient son droit à plus
de justice.
Malgré ma santé précaire, ces souffrances, je les ai faites miennes ; elles
se sont parfois ajoutées aux tracasseries presque quotidiennes qui m'ont été
faites, durant de longues années, dans mon entourage immédiat. Aux épreuves du
Caodaïsme s'ajoutaient ainsi, dans une fraternité douloureuse, mes réparations
karmiques. Après des journées accablantes, désespérées, un rayon de lumière
perçait de temps à autre la nuée, et le soleil balayait le brouillard d'Ardenne
: c'était ma santé qui, une fois de plus, se rétablissait pour quelque temps ;
c'était quelque journal ou quelque lettre qui, par l'avion ou par le courrier
maritime, m'apportait d'Indochine une nouvelle joyeuse, qui me faisait exulter.
Pendant treize années, j'ai vécu ainsi la vie de mes frères d'Annam, la
confondant avec la mienne.
J'ai regretté mille fois de n'avoir pas plus d'autorité spirituelle, de
relations utiles, de talent et de clairvoyance, afin de les mieux aider dans
leurs efforts constructeurs comme dans leurs détresses silencieuses. J'aurais
tant voulu faire pour eux, et je sens, en toute humilité, que j'ai fait si peu
! Pardonnez-moi, mes bons, mes doux frères d'Annam, d'avoir été si peu
l'Instructeur en France que vous aviez désigné solennellement, de n'avoir été
que cet humble fidèle que vous appelez familièrement :
" Frère GAGO "
Rethel, 1937-1938. - Nancy, 1939.
TABLE DES MATIÈRES
- Introduction
- Les origines du spiritisme annamite
- Principes fondamentaux
- Le Caodaïsme aux Congrès internationaux
- Les Papes du Caodaïsme
- L'inauguration du temple Caodaïste de Phnom-Penh
- Si l'Islam est exclu du Caodaïsme ?
- Suite à notre douleur
- Sagesse orientale
- Précisions doctrinaires
- La prière chez les Caodaïstes
- Directions spirituelles
- Paroles du Saint-Siège - Au service du Caodaïsme
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