Le développement du capitalisme en Cochinchine
avec comme conséquence, l'abrogation du code Gia-Long, abrogation qui favorise
l'individualisme au détriment du collectivisme confucéen, a sapé les conditions
favorables à la survivance de la religion des lettrés. C'est ainsi que,
historiquement, il faut expliquer l'éclosion de nouvelles sectes religieuses et
notamment du Caodaïsme.
2° Il est caractéristique qu'en notre siècle du capitalisme international,
cette Réforme religieuse de chez nous est contemporaine d'un mouvement
asiatique de même essence, de même mission historique. Car, au Japon et en
Chine, les éléments tourmentés de la bourgeoisie
féodale cherchent à créer une
superstructure sociale en fondant mille et une sectes néo-bouddhistes modernes.
Les caodaïstes et Minhlistes de chez nous gagneront à confronter leurs
doctrines avec celles des Réformes chinoises et nippones.
... J'ajoute que le Minh-Ly ne fut qu'une nouvelle secte parmi tant
d'autres sectes, qui poussaient comme des champignons. Mais il représentait la
secte la mieux disciplinée, la plus instruite au point de vue philosophique,
celle qui possédait une théorie exprimée en entier dans son catéchisme.
Le Caodaïsme ( littéralement : religion du haut Trône ) dont le fondateur
serait feu Lê Van Trung, s'était mis très tôt en rapport avec le Minhlisme pour
lui emprunter sa théorie, ses cultes, son organisation rituelle. Mais tandis
que l'orgueilleuse école de M. Au-Kich ne tend à former qu'une élite, le
caodaïsme s'adresse à la masse. Ainsi il présente les traits caractéristiques
d'une organisation religieuse de masse.
La diversité et la multiplicité de nouvelles écoles religieuses que la
cochinchine a vu éclore depuis 1926 sont caractéristiques de notre époque de
pensée libre et intensive. On ne compte plus les sectes ; citons-en seulement
les plus importantes : Minh-Ly, Minh-Thiên, Minh-Tân, Cao-Dài. Cette dernière
se subdivise à son tour en écoles orthodoxes et non-orthodoxes.
Outre les églises du " Bouddhisme rénové " qui ont quelque droit
à prétendre à la dignité d'une philosophie, nous assistons à l'éclosion de
sectes aux pratiques étranges. Il s'agit ici, sans aucun doute, de
réminiscences romanesques chinoises. Ainsi, nous avons vu le général Nguyên Van
Dien avec ses disciples, en lutte ouverte avec la secte de Tây-ninh. Interrogés
par les autorités sur la tentative de violation de la " terre sainte
" caodaïste, tous ont refusé de parler.
Curieuse aussi est l'école de Nguyên Kim Muôn, qui ne craint pas d'exprimer
en des termes à peine voilés, des croyances apparentées au sensualisme
mahométan.
Toutes les sectes dont nous parlons ci-dessus sont nées presque
simultanément. Elles se réclament toutes sans exception d'une réforme du
bouddhisme jugé dépassé par le temps.
Chose étonnante, la Cochinchine, seule de tous les pays de l'Union, a pris
l'initiative de cette sorte de Réforme religieuse qui d'ailleurs participe,
peut-être sans le savoir, d'un mouvement plus vaste et plus général qui englobe
la Chine et le Japon.
En effet, dans ces deux derniers pays et notamment dans le pays du Soleil
Levant, on a remarqué l'éclosion de mille et une sectes néo-bouddhistes qui
pratiquent le spiritisme. Le professeur Chamberlain a exposé au public européen
les philosophies variées du mouvement religieux nippon. "
Le " contenu social "
du Caodaïsme ?
" Le Caodaïsme touche la masse tout entière ; le nouveau clergé
cependant se recrute parmi les anciens Dôc-Phu-Su, les propriétaires fonciers,
les fonctionnaires, les politiciens, les intellectuels, les écrivains. Les
autres sectes sont composées surtout d'hommes de classes moyennes.
Ce mouvement a inquiété l'Eglise catholique, pour qui le caodaïsme est un
rival sérieux, et le Gouvernement. Un révolutionnaire annamite n'a-t-il pas
affirmé que " le caodaïsme est le gandhisme sans Gandhi ".
Pourtant, le catéchisme de la nouvelle croyance est là pour attester le
contraire ; le souci le plus grand des caodaïstes est de se conformer aux lois
et règlements en vigueur. Le caodaïsme recommande aux adeptes de ne pas envier
le sort des riches. Alors ? Pourquoi tant d'inquiétudes ont-elles pu naître à
l'endroit de ce mouvement ?
En voici les raisons, à notre avis. D'abord, le grand nombre de ses adeptes
est une des principales causes de l'émotion gouvernementale au début du développement
caodaïste. Ensuite la présence des éléments progressistes dans la nouvelle
Église inquiète les autorités.
En effet, un certain nombre d'anciens militants démocrates ou nationalistes
n'ont pas craint de se convertir à la nouvelle foi. Bien plus, ils jouent un
rôle prépondérant dans le caodaïsme.
Ce dernier compte des centaines de mille d'adeptes recrutés surtout dans
les classes paysannes et ouvrières. En contact quotidien avec la masse et étant
donné leur passé, les dirigeants caodaïstes sont naturellement portés à
discuter des problèmes sociaux, des questions d'actualité. "
Tel est l'essentiel de ce reportage de la Vérité, publié aujourd'hui en une
élégante brochure illustrée, - un des premiers et rares documents objectifs sur
le Bouddhisme rénové.
Le Caodaïsme par son caractère spirite se confond souvent avec les
nouvelles tendances religieuses de la Chine ou du Japon à caractère occultiste.
Nous avons sous les yeux des documents qui ne permettent pas d'en douter :
La Chine, depuis des siècles, connaît les séances spirites ( Psychic News,
Londres, 8-4-39 ). Le Culte des esprits et les pratiques de sorcellerie (
l'Opinion, Sài-gon, 1-7-37 ). Le Dalai-Lama parla en un dialecte allemand ( la
Ricerca Psichica, Milan, 11-38 ). Vers la renaissance religieuse au Japon (
Vers une économie fraternelle, Kagawa, p. 18 ). Projection astrale, écriture
automatique, dématérialisation : Le baron de Meck prouve que c'est en Chine
qu'on expérimente les meilleurs médiums ( The Two Worlds, Manchester, 16-12-38
). Pearl Buck déclare que l'Orient et l'Occident doivent fusionner ( The New
York Times Magazine, 20-11-38 ). Une expédition scientifique allemande en Chine
et au Siam ( Gazette de Hongrie, Budapest, 29-10-38 ). Le massacre des animaux
( par les Juifs ) ( The Two Worlds, 7-7-39 ). Le festival du Wesak ( grande
fête bouddhiste ) ( The Occult Review, Londres, 1939, p. 167 ). La survivance
du passé chez les Japonais ( Tribune de Genève, 25-4-39 ). Le " Kuatsu
" ou art japonais de rappeler les morts à la vie ( O Astro, St Paul,
Brésil, 10-38 ). Le spiritisme en Chine : Ils ressuscitent les morts ! ( The
Two worlds, 7-7-39 ). Une plante magique en Extrême-Orient ( Chine ) ( The Two
Worlds, 14-7-39 ). Le Shintô ( Revue théosophique, Paris 12-35 ). Confucius,
Lao-Tseu et la survie ( Light, Londres, 20-7-39 ). Le Bouddhisme dans le Nord
de l'Inde et la Birmanie ( Light, 20-7-39 ) ; etc., etc..
Mais l'opposition entre l'esprit européen et les conceptions religieuses
asiatiques éclate souvent.
Dans la Nouvelle Revue ( 1-9-35 ), on peut en lire l'aveu au sujet du livre
: Le Bouddhisme, par Entai Tomomastu : " En nous présentant Le Bouddhisme,
de son ami Entai Tomomatsu, le traducteur, M. Kui Matsuo, auteur lui-même des
Sectes bouddhiques japonaises, ainsi que de nombreux ouvrages de philosophe et
de délicates traductions, M. Matsuo nous écrivait : " Ce livre n'est pas
un ouvrage savant d'un spécialiste, mais seulement une œuvre destinée aux
hommes modernes et aux intellectuels sceptiques. "
Malgré la simplicité avec laquelle la doctrine du Bouddhisme est exposée,
il ne nous semble pas que cet ouvrage et surtout la philosophie qu'il tente de
mettre à la portée de tous puissent pénétrer profondément les masses
européennes, le principe du " non-moi " et celui de la causalité,
tels que les conçoivent les bouddhistes se trouvant, pour les mentalités
occidentales, par trop en opposition avec les conceptions du plus grand nombre
qui préférera toujours rejeter sur cette entité, qui a nom " le Destin
", la responsabilité de ses souffrances, plutôt que d'y reconnaître "
la récolte naturelle du grain que nous avons jeté ".
Ce qui, dans l'ouvrage de M. Entai Tomomatsu, nous a semblé devoir retenir
plus particulièrement l'attention c'est, en dehors de la psychologie du
Bouddha, auquel l'auteur restitue son sens profondément humain, l'exposé de la
tentative faite par certains intellectuels japonais pour ramener le Bouddhisme
à sa noblesse originelle en le dégageant des conceptions de certaines sectes
intéressées à ce que, pour les croyants, la prière, la méditation jambes
croisées et surtout les offrandes, constituent l'essentiel.
Ce mouvement, auquel on ne peut refuser d'accorder toute sa sympathie et
qui s'appuie sur ce fait que le Bouddha, à partir de son satori ( illumination
) attacha toujours plus de punyas ( mérites ) à l'acte social qu'à la plus
ardente prière, la plus exaspérée mortification, ce mouvement, même s'il doit
rester purement asiatique, mérite cependant d'être connu chez nous, car,
permettant l'adaptation du Bouddhisme à la vie pratique, il pourrait être lourd
de conséquences dans le monde entier.
Et si l'on considère qu'aucun texte n'existe, facilitant la connaissance du
Bouddhisme, il faut rendre grâce à M. entai Tomomatsu et à son fidèle
traducteur de nous avoir donné cet ouvrage en guise d'introduction à l'étude
d'une philosophie capable, nous dit l'auteur, " de pénétrer non seulement
une époque, mais toutes les époques ".
L'opposition éclate, plus brutale encore, dans un écho comme celui-ci : Les
secrets des " Mahatmas " au Brésil : " Cependant que le Bulletin
des Amitiés spirituelles ( n°40, p. 17 ) s'applique à ravaler la " foi
" des " surhumains " et à les ramener à d'orgueilleux petits
Lucifériens compartimentés dans un coin du Créé et voulant détrôner Dieu ( sic
),La pensée, la grande revue initiatique de S. Paulo ( Brésil ) passe en revue
les facultés développées par ces " Initiés " méprisés par Sédir ( p.
396 ) et sa secte christique :
1° Possibilité d'entrer en relations avec les êtres planétaires du système
solaire ; 2° Notre cosmos n'a plus de secrets pour eux à cause de leur vision
interne ; 3° Connaissance de l'avenir ; 4° Possibilités d'agir sur la matière (
élémentaux ) ; 5° Transmission de son à grande distance ; 6° Influence limitée
sur les actions des autres hommes ; 7° Lecture des pensée des autres ; 8°
Entendement spontané de toutes les langues ;
9° Possibilité de prolongation de la vie physique ( Elixir de Vie ) ; 10°
Guérison des malades ; 11° Pouvoir de dédoublement, etc...
Pour de méprisables petits " Initiés ", cantonnés dans un petit
coin du Crée, ce n'est déjà pas si mal !
Mais ce qu'il y a de douloureux - et ce avec quoi on joue - c'est d'opposer
ces facultés possibles des " Mahatmas " aux vertus du Christ, de les
dénoncer comme incompatibles, afin d'arriver par l' " ignorance cultivée
" à maintenir l'esprit de secte, au lieu de tendre tout larges ouverts les
bras vers tous les hommes, sans catégorie, ni distinction ! Que certains ne
soient pas prêts pour cet embrassement universel, on ne le voit que trop par
les limitations, les œillères, qu'ils cherchent à imposer aux autres. "
O Astro ( 1-5-39 ) estimait qu'en 1926, il y avait encore au Japon 71.281
temples bouddhiques desservis par 54.495 bonzes ; en 1928, 41.148.000
bouddhistes sur 58.621.000 habitants. Où en serait le Christianisme dans
l'Archipel nippon ? D'après la Luz del Porvenir, qui emprunte les détails au
bulletin de la grande association spiritualiste Oomoto Internacia ( en
esperanto ), aujourd'hui dissoute, croyons-nous, et ses dirigeants traqués et
incarcérés, soixante années d'évangélisation par les missionnaires n'auraient
réussi qu'à convertir 250.000 Japonais, chiffre stable malgré l'augmentation
énorme de la population en ces dernières années. Dans le même temps, de nouvelles
sectes et religions à base bouddhiste et shintoïste attirent à elles des
milliers et des milliers de nouveaux adeptes : Oomoto, par exemple, comptait
plus de croyants que le Christianisme.
LA PRIERE CHEZ LES CAODAISTES
Le Saint-Siège de Tây-ninh a réuni en brochure diverses pages de la Revue
caodaïste et l'a publiée en 1936 sous le titre : Le Caodaïsme ou Bouddhisme
rénové ( 3è amnistie de Dieu en Orient ), avec ces mots d'introduction :
" Les pages qu'on va lire sont extraites de la Revue caodaïste,
publiée à Sài-gon.
Nous avons eu soin de les réunir, classées et coordonnées, en une petite
brochure qui présentera au lecteur un exposé sommaire du but et de la doctrine
du Caodaïsme ou Bouddhisme rénové.
Puisse ce modeste recueil aider les chercheurs de la Vérité à se faire une
idée exacte de l'idéal caodaïste dans ses traits principaux ! "
LE SACERDOCE CAODAÏSTE.
On a pu noter peut-être déjà que la prière constitue la partie la plus
importante dans le culte caodaïste. Voici comment les dignitaires caodaïstes la
justifient :
" On nous reproche de nous absorber inutilement dans de longues
prières, alléguant que le temps consacré à cette obligation devrait être mieux
employé.
Nous reconnaîtrions volontiers le bien-fondé de ce reproche si les prières
que nous pratiquons consistaient en une récitation monotone de mots
inintelligibles d'où serait exclue la pensée du cœur. Mais pratiquée avec
intelligence et ferveur, énergique et remplie d'onction, la prière, acte de
foi, est non seulement un acte d'adoration, mais encore une élévation de notre
cœur, un élan de notre âme vers l'Être Suprême.
Dans l'état actuel de leur évolution religieuse, la masse des fidèles
caodaïstes a besoin d'acquérir une volonté telle qu'elle lui permette de
résister aux tentations matérielles en toutes les circonstances, et de
s'entourer d'une ambiance pure qui écarte les idées mauvaises et les influences
inférieures de l'espace.
Cette volonté, pour être efficace, doit être soutenue par la foi. Or la
pratique répétée de la prière affermit cette foi si précieuse, en même temps
qu'elle permet de s'attirer, par la pureté de leur cœur, les forces
protectrices de l'Au-Delà.
D'autre part, il n'y a rien de plus ravissant, de plus sublime, que de
rentrer dedans de soi-même, oubliant chaque jour, par quelques heures de prière
fervente, les affaires et le monde pour élever sa pensée vers Dieu avec Qui on
traite seul à seul.
Tel est le but de la prière, qui doit être journellement pratiquée par les
simples fidèles. Demain élevés sur un degré supérieur d'évolution, ils sauront
la ramener à sa forme abstraite, intérieur : la méditation.
Au point de vue invocatoire, nous prions pour les personnes malades,
malheureuses, pour qui nous demandons à Dieu, non la jouissance d'un bien
matériel, d'un intérêt personnel, mais le prompt retour à la santé, ou la
faveur d'un appui moral occulte, leur permettant de subir, sans faiblesse, une
épreuve ou une conséquence karmique
Nous prions également pour les esprits souffrants malheureux, sur qui nous
appelons la miséricorde divine.
Ainsi faite, la prière constitue l'une des pratiques nécessaires au salut
des âmes.
Ceux qui ont quelque expérience religieuse, qui parlent de la chose
religieuse non du dehors ( comme d'une curiosité qui en vaut bien une autre : point
de vue des journalistes parisiens, en général ), mais du dedans, reconnaîtront
une grande sagesse en ces simples lignes.
Le symbolisme Caodaiste.
De la brochure nous détachons ces passages ( p. 21 ) :
" De la conscience que l'homme est tenu à des devoirs envers Dieu qui
l'a créé, est né le sentiment d'adoration. L'ensemble des actes par lesquels
nous témoignons à Dieu ce sentiment d'adoration constitue ce que nous appelons
le culte. Il en est de même du culte caodaïste. Celui-ci se pratique chaque jour,
dans les oratoires comme dans les maisons privées, en quatre temps ( tu thoi )
: à six heures, à midi, à dix-huit heures, puis à minuit. Prosternés devant
l'autel divin, dans l'élan de notre âme vers l'Être Suprême, nous commençons
par accomplir le rite de l'offertoire de l'encens ( niêm huong ). Vient ensuite
celui de l'ouverture des prières ( khai kinh ).
Ces prières dites, nous nous mettons à entonner en chœur un cantique à la
gloire de Dieu, puis trois autres en l'honneur des Trois Saints.
Tel est, dans toute sa simplicité, le rite du culte quotidien. Quant à
l'office divin célébré dans les oratoires, les jours de grande cérémonie, il
comporte un cérémonial plus imposant.
Les dignitaires du sexe masculin, dans leur costume de cérémonie dont la
couleur est déterminée par la branche à laquelle ils appartiennent, se
prosternent par rangées transversales, sur la natte étendue devant l'autel
divin, auquel ils font face. A leur droite et devant l'autel de
Quan-Thanh-Dê-Quân, sont agenouillés sur une autre natte les adeptes du même
sexe ( Nam phai ), tous vêtus de blanc avec, sur leur tête, le traditionnel
turban noir.
Un jour, le roitelet Cung-Vuong de la principauté de So(1) perdit une
arbalète de la chasse. Ses officiers d'ordonnance s'apprêtaient à aller la
chercher, lorsque Cung-Vuong les en empêcha en leur disant :
" A quoi bon la chercher ? Sachez que nous ne perdons rien à ce qu'une
arbalète égarée par un habitant de So soit bientôt retrouvée par un autre
habitant de la même principauté. " Confucius, ayant appris ces paroles,
les commenta : " Quelle limitation regrettable dans les sentiments de
fraternité de Cung-Vuong ! N'aurait-il pas mieux faire de dire : un homme a
perdu une arbalète, un autre homme la retrouvera. " Ainsi exprimée, la
conception de la fraternité humaine par le grand philosophe chinois apparaît
bien plus belle, plus saisissante dans sa forte concision. "
Sur ce terrain splendide de la fraternité humaine, les disciples du Christ
et les fils d'Hiram, les adeptes du Bouddha, de Confucius, de Lao-Tseu et les
fervents de la théosophie, du spiritisme, de l'occultisme, se rencontrent unis
dans leur volonté commune de construire le Temple de l'Humanité. Que tous
aident, du meilleur d'eux-mêmes, à cette union fraternelle, à cette coopération
constructive, afin que nous ne soyons pas plus longtemps honteux des crimes et
des atrocités avec lesquels nous avons jusqu'ici ensanglanté tant de siècles
d'Histoire ! Il est temps, grand temps de racheter tant de barbarie !
Prions !... Méditons !... Devenons des Églises vivantes !...
Pour atteindre aux cimes, après les épreuves, le caodaïste dispose de la
" cellule de méditation " :
La cellule de méditation est le lieu où les fidèles sont admis pour
recevoir l'initiation.
Tout adepte qui demande à y être admis, doit se conformer aux prescriptions
suivantes :
Article premier. - Il doit avoir satisfait à ses devoirs moraux ( Nhon-Dao
) et au régime exclusivement végétarien pendant plus de six mois.
Art. 2. - Il doit être présenté par un adepte jugé plus vertueux que lui.
Art. 3. - Toute communication écrite avec l'extérieur lui sera interdite,
sauf avec ses parents, à condition d'être lue d'avance par le supérieur de
l'établissement.
Art. 4. - Il doit refuser l'accès de l'établissement à tout individu étranger
à la religion, qu'il soit fonctionnaire ou parent d'adepte.
Art. 5. - Il doit s'interdire toute conversation avec les personnes du
dehors ; toutefois, il pourra recevoir la visite de ses parents ou enfants
après qu'il en aura reçu l'autorisation du supérieur.
Art. 6. - Il doit s'abstenir de chiquer du bétel, de fumer du tabac et de
manger quoi que ce soit en dehors des repas servis par l'établissement.
Art. 7. - Il doit avoir l'esprit calme, la conscience tranquille. Il doit
vivre en bon accord avec ses camarades de cellule et éviter toute conversation
à haute-voix ; il doit les aider dans la pratique religieuse.
Art. 8. - Il doit obéir à toutes injonctions du supérieur et pratiquer les
exercices spirituels d'après les prescriptions horaires qui lui auront été
fixées par ce dernier.
Combien d'Occidentaux s'adonnent à la prière ? Je veux dire à la prière
spontanée et libre.
(1) Une des principautés de l'empire du Milieu du temps de Confucius.
Combien d'Occidentaux s'adonnent à la méditation ?
Oui, il faut le répéter : en matière spirituelle, nous Occidentaux, nous
sommes des illettrés.
... Même si le Grand Architecte de l'Univers n'était qu'une illusion, un
leurre, un mot, la prière serait utile, la méditation serait utile. Dans notre
ignorance crasse, dans notre rage antireligieuse, nous avons banni l'une et
l'autre de nos pratiques quotidiennes, de nos exercices spirituels de chaque
jour ! Mais voici que, peut-être, une science nouvelle : la Cosmobiologie (
avec son grand Poète : Théo Varlet ), nous y ramène tout doucement à pas
feutrés, pour ne pas nous effaroucher. Les esprits forts sont gens douillets,
qui n'aiment guère s'être pareillement trompés...
Conseils à un caodaïste d'Europe
Le " Bouddhisme rénové ", c'est la large tolérence, c'est le point
de jonction de tous les chemins suivis jusqu'ici par les peuples qui veulent
aller vers le Divin. On va crier que nous sommes prétentieux. Ne nous faut-il
pas souffrir à l'exemple du Sauveur, pour faire un peu de bien autour de nous ?
Régime végétarien. - Vous pouvez commencer à observer les dix jours
mensuels. Si nous abandonnons le régime carné, c'est parce que nous voulons
éviter les souffrances aux êtres qui, bien que moins évolués que nous, savent
aussi souffrir comme nous. Médicalement parlant, l'homme, de par sa
constitution, n'est pas fait pour se nourrir de chair que son organe digestif
supporte mal. D'ailleurs, les animaux sont malades comme nous, il est difficile
de s'en apercevoir et l'on pourra se nourrir de parties malades. Les maladies de
l'homme s'ajoutant à celles des animaux, en créent d'autres, dont la science
médicale est encore impuissante à découvrir la nature, encore plus impuissante
à les guérir.
Le régime végétarien porte généralement à la douceur l'homme qui doit être
toujours sain de corps et d'esprit.
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