Les origines du caodaisme - 1 / 3 Dịch Giả (NTT et LHV)


Préface: En lisant "les origines du caodaisme ", on se demande qui est vraiment derrière le nom d’auteur "Huê Chuong " ? Serait-il Monsieur Thân, l'un des fils de Monsieur Cao Quynh Diêu ?

Réponse : Monsieur Thân est bien le fils de Monsieur Cao Quynh Diêu, mais selon certaines personnes, ce livre
" Dao mach truy nguyên " ( textuellement : A la recherche des origines de la Voie) est écrit par ce dernier.

Il faut rappeler que Monsieur Diêu porte aussi des pseudonymes de " Liên Tu ", de " My Ngoc "…, qu’il est aussi le grand frère de monsieur Cao Quynh Cu, et l’oncle de monsieur Cao Hoai Sang.

Né le 28 Juillet 1884 dans la province de Tây Ninh, canton de Phu Khuong, village Hiêp Ninh, Hoà Thành. Monsieur Diêu a suivi ses études au lycée de Chasseloup Laubat à Saigon. Cette école est devenue par la suite Jean Jacques Rousseau puis Lê Qui Dôn.

C’était un enfant précoce, il a pratiqué le solfège et la musique traditionnelle du pays depuis ses 10 ans. Venu plus tard s'installer au Temple de Tây Ninh, où il exerçait son sacerdoce, il  était nommé au rang de " Tiep le nhac quan " (administrateur des rites et de la musique),  puis  "Bao van phap quan" (conservateur des arts et belles lettres), un parmi les douze Seigneurs Zodiacaux.

Durant ses années consacrées à la religion, il a plusieurs fois communiqué par la voie du spiritisme avec des Immortels (Tiên), des Bouddhas (Phât) venus sur Terre enseigner la Grande Voie, comme : la déesse Hon Liên Bach, (l'une des neuf immortelles de la Mère divine),  sa sainteté Thai Thuong Lao Quân (culte des Génies)…

Il a également participé à l'édification à Tây Ninh du Centre de Musique et de Cérémonies, et à la formation des « Lê-Si » (élèves des rites) officiant dans les divers temples caodaïques du pays.


Avec les dignitaires du groupe des "Thâp nhi Thoi quân" (douze Seigneurs Zodiacaux), il a jeté les bases des structures religieuses à Saigon, restauré le Temple Tu Vân, à Phu Nhuân (banlieue de Saigon). Pendant cette période,  il a formé la section d'étude des deux documents fondamentaux : " Le Nouveau Code " (Tân  Luât) et " Lois Constitutionnelles Religieuses du Caodaïsme " (Phap Chanh Truyên)...

Il est décédé à Tây Ninh le 18 octobre 1958, âgé de 74 ans.

Pendant les années d'apogée, le saint-siège Tây Ninh a vu venir à la Nouvelle Religion Cao Dai des millions de  fidèles, parmi lesquels de nombreux hauts fonctionnaires, membres du gouvernement, ainsi que des intellectuels, des industriels et des commerçants, tels que :

- M. Ngo Van Chieu : Préfet de province de Ha Tien.
- M. Le Van Trung : Chevalier de la Légion d'Honneur - Membre du Conseil colonial, membre du conseil supérieur de l’Indochine, membre du conseil privé du gouvernement Cochinchine (gouverneur Cognacq)…
- M. Vuong Quan Ky : Sous préfet
- M. Doan Van Ban : Directeur d' Ecole
- Capitaine Paul Monet : l'Armé Française
- M. Latapie : Professeur
- M. Le Ba Trang : Préfet de Cho Lon et du Cap St-Jacques
- M. Nguyen Ngoc Tuong : Préfet de Can Tho, Ba Ria, et Can Giuoc
- M. Nguyen Ngoc Tho : Entrepreneur
- Madame Lam Huong Thanh : Propriétaire terrien.

Et tant d'autres personnalités ont également contribué dès les premiers jours à bâtir les fondations de la Nouvelle Religion.

Monsieur Cao Quynh Diêu a relaté dans son livre les grandes lignes de l'apparition de la Grande Voie de la Troisième Amnistie : "Dai Dao Tam Ky Phô Dô». En parcourant les premières pages, nous pouvons d'ores et déjà remarquer…. , il nous a fait remarquer que sa famille n'avait pas l'esprit superstitieux, même à l'égard du culte traditionnel des ancêtres, qu'il considérait simplement comme une occasion de se souvenir des défunts.

Au début, à partir des séances de spiritisme d’évocation des esprits dans l'au-delà, on est arrivé ensuite à l’heureuse rencontre avec les grands esprits et enfin avec le Dieu Cao-Dai venu sur terre nous enseigner la Nouvelle Foi pour sa Troisième Manifestation..

Le destin et toutes ces choses extraordinaires ont guidé jour après jour les membres de la famille de monsieur Cao vers le chemin de la spiritualité et qu'ils se retrouvent tous dans la Voie Religieuse.

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Les origines du caodaïsme (Dao mach truy nguyen)
Auteur : Huê Chuong - traduction de LHV
Je suis né à Bên Tre et j’ai toujours vécu et grandi dans cette ville. Mon pseudonyme est Huê Chuong.

Depuis mon enfance, j’ai voulu suivre mon père, un employé de commerce, à m’imprégner de la culture occidentale.

Même parmi mes camarades d’école, seul M. Duc, de la famille Cao-Quynh, était mon ami préféré. Nous nous fréquentions très souvent après les années scolaires, malgré les préoccupations familiales de chacun et nous nous aidions l’un l’autre comme de vrais frères.

Un jour, j’ai entendu des gens critiquer la religion  DAI DAO TAM KY ( La Troisième Amnistie), s’y mêlant le nom de mon père et celui de l’oncle de mon ami, je fus surpris et allai lui demander des explications. Il faut dire que souvent en se rendant chez lui, j’ai pu voir des grandes personnes s’entretenir de la Religion ; mais mon tempérament étant porté vers les jeux, je n’y ai pas prêté d’autre attention.

Ainsi, dès que nous nous sommes vus, sans attendre ma question, il m’a tapé à l’épaule et m’a dit : «  Ne perds pas ton temps à écouter les ragots des gens qui ne connaissent ni aux sources de La Grande Religion, ni d’où elle vient ; ils pensent que c’est une invention de ces grandes personnes pour les tromper. Réfléchis mon frère : s’il y a tromperie, quelque trentaine de personnes peuvent se faire abuser, mais ici dans notre cas on peut compter jusqu’à un million d’être humains. Parmi ce million d’hommes, il y a de grands dignitaires, de nombreux intellectuels ;  tous sont-ils tombés dans le piège de nos grandes personnes ?

Laisse moi te raconter en quelques mots l’origine de l’histoire et tu en tireras toi-même les conclusions.

Nous deux, nous sommes comme deux frères, ayant les mêmes idées, l’amitié depuis dix ans nous a scellés comme deux frères de sang. Nous avons souvent des discussions, partageons nos idées des fois sur les choses de la vie, mais également sur les sentiments, jusqu’au point que nous connaissons très bien l’un et l’autre les affaires familiales de chacun. »

Il connaissait largement mes caractères : bien que j’aime m’amuser, goûter aux joies de la vie, les principes moraux de la vie m’intéressaient et je cherchais à les comprendre. Je regardais autour de moi, chez mes voisins, et  je voyais dans chaque maison les gens entretenir un autel. L’autel est plus ou moins décoré, plus ou moins beau, selon les moyens de chaque famille ; mais il existe toujours un autel  dans chaque foyer, soit pour vénérer les ancêtres, soit pour vénérer les parents décédés.

A la maison, j’ai vu que mon père ne faisait pas attention à ces choses, je lui ai posé donc la question et il m’a répondu :

"Ton père, aujourd’hui la quarantaine dépassée, a toujours recherché à comprendre ces  choses, dont la signification exacte m’a encore échappé. A chaque action, si je n’en saisis pas le sens profond, je préfère ne rien faire au lieu d’imiter les autres sans rien comprendre. "

"Je pense qu’il existe un Créateur de l’Univers, mais ne pouvant voir son image, il ne nous reste qu’à le respecter. Les autres choses à accomplir selon les usages traditionnels ou selon notre amour, notre respect pour notre père et mère, c’est en fonction de nos sentiments envers eux qu’ils soient vivants ou non. A chaque cérémonie d’offrandes de nourritures pour nos ancêtres, je suis obligé de le faire suivant nos anciennes traditions, sans cela je me sentirai triste. Mais, pour imiter les autres avec des autels hautement décorés, je ne vois pas la nécessité d’engager des dépenses inutiles : que chacun, en son âme et conscience, accomplisse ses devoirs."

A entendre mon père ainsi parler, j’ai compris qu’il n’avait aucune croyance, mais il prenait soin d’accomplir ses devoirs. Alors je cherchais le frère de mon père, mon oncle Cao Quynh Cu, pour lui poser la même question. A mon grand regret, tous les deux avaient le même point de vue. Je suis allé donc demander aux gens qui avaient installé des autels chez eux ; personne ne m’a apporté une quelconque réponse satisfaisante.
Un vendredi soir,  de la dernière semaine de juillet 1925, j’ai vu et l’oncle Cu (M. Cao Quynh Cu), et l’oncle Tac (M. Pham Công Tac), et mon cousin M. Cao Hoai Sang, avec quelques autres amis, sont venus inviter mon père à leur suivre. J’ai demandé à M. Sang où allaient-ils ainsi ? Il m’a répondu :
- Faire tourner la table.
- Que signifie "faire tourner la table "?
- C’est à dire prier les âmes de venir causer avec nous.

Ces réponses m’ont fortement étonné,  j’ai décidé alors de les suivre pour mieux percevoir.

Ils sont partis ensuite en cyclo-pousse, en direction de la maison de Cao Hoai Sang : chez ce dernier, ils se mettaient tous autour d’une table ronde à trois pieds installée dans la véranda, à côté ils ont brûlé de l’encens sur une petite table casée près du mur et sur laquelle est posé un vase avec de belles fleurs.

Je me suis assis à côté de mon père. Dès qu’ils ont demandé : «  Se concentrer en silence », je suivais le groupe, chacun poser ses deux mains sur la table avec la paume tournée vers l’intérieur.

Un moment après, j’ai vu la table se pencher vers l’oncle Cu, qui grondait alors l’oncle Tac, lui intimant de ne pas pousser la table et  rester concentré. La table se penchait maintenant du côté de mon père, il le grondait de nouveau. Un instant après, ils semblaient fatigués des mains et se relâchaient tous. J’ai pu observer que personne parmi eux ne connaissait bien cette pratique, car ils ne cessaient de se disputer ; l’un disait de faire ceci, un autre préconisait autre chose, le doute fut total. A ce moment, Cao Hoai Sang proposa : "Nous n’avons qu’à rester concentrés, silencieux, dès qu’une âme errante se manifeste à nous,  peut-être va-t-elle cogner contre les pieds de la table en faisant  cac…cac… ". A entendre ces paroles, des frissons me parcouraient, je suis de nature peureux !

Nous nous sommes de nouveau réunis autour de la table ; l’oncle Cu s’est alors assis en croisant ses jambes sur la chaise, évitant que l’âme du fantôme ne puisse toucher ses jambes en venant cogner contre les pieds de la table. Tout le monde s’est donc assis en retirant ses jambes sur la chaise, l’un en accroupi, l’autre en croisant les jambes, en vérité ils ne sont pas si téméraires. A ce moment, il faisait déjà tard, tous montraient de la fatigue. D’une part des moustiques piquaient nos jambes, et nous n’avions pu nous gratter car en baissant les bras nous aurions causé des mouvements, d’autre part nous avions sommeil.

Après avoir réfléchi, l’oncle Cu lançait l’idée : "nous sommes à l’intérieur de la maison, peut-être les esprits n’ont-ils pas osé entrer ; si nous déplacions la table dans le jardin, à un endroit plus aéré,  par chance ils consentiraient à se manifester. ". Ainsi, ensemble ont-ils fait déplacer la table dans le jardin. Un long moment assis, de nouveau la table se souleva et se reposa, provoquant sans cesse entre eux des disputes, puis des rires.

La nuit s’étant avancée, il faisait très sombre, les moustiques nous attaquaient de plus belle. Ils n’en pouvaient plus et abandonnaient la partie. Mais ils se sont donnés rendez-vous demain soir ; on était tous d’accord avec cette idée, et heureux de se retrouver ensemble afin d’atteindre notre but, puis on s’est salué l’un l’autre pour rentrer chacun chez soi.

Le lendemain soir, ce fut un samedi, à 9 heures du soir,  nous nous sommes de nouveau réunis au complet ; les préparatifs ont été faits comme hier, autour de la tables nous sommes assis, posant nos mains sur la table, la paume retournée vers l’intérieur. Mais cette fois-ci, l’oncle Cu nous demandait d’écarter les doigts de la main, nos deux pouces de chacun se toucher et nos deux petits doigts continuer ceux de nos deux voisins, formant ainsi avec nos mains un cercle autour de la table. Ils l’ont écouté. Après un moment de concentration, la table s’est soulevé assez haut et retombé vers le coin des murs, du côté de l’oncle Tac, qui croyait que Cao Hoai Sang, assis en face de lui, faisait exprès pour rigoler. Il criait alors : « Sang ! Sang ! Ne fais pas de bêtises, pourquoi t’amuser bêtement ; tu veux te moquer de moi ? Tu peux rester sage ? »

En voyant cela, tout le monde s’est éclaté de rires ;  tandis que la table se remettait à sa place ; l’oncle Cu suppliait les autres de ne plus plaisanter, de garder son attention et attendre les résultats. Après ses mots, nous sommes redevenus silencieux. L’oncle Cu est un personnage très expressif, à chaque mouvement ou bruits de la tables, il nous scruta avec ses grands yeux; Ce qui nous faisait très peur, mais d’un seul coup nous nous mettions ensemble à rire en éclats. Ce scénario continuait durant quelques heures, la table s’élevait et descendait : A chaque fois, on se disputait pensant que c’était volontairement poussé par quelqu’un d’entre nous.

Cette fois-ci, nous sommes restés silencieux à nous concentrer : subitement la table s’est élevée et elle faisait des bruits sans relâche. Les grandes personnes s’interrogeaient,  pensant que c’était encore une plaisanterie. Cette fois-ci, nous étions sérieux et déterminés à aller jusqu’au but, sans bouger la table ; mais la table a bougé d’elle-même ! A cet instant, l’un se plaignait d’avoir des fourmis dans les bras, l’autre sentait du courant passer dans son corps. Pendant que nous parlions, la table s’est arrêtée de cogner, mais elle était en mouvement d’équilibre, on dirait qu’elle avait une vie. Voilà, sachant que l’âme errante s’est jointe à nous, ces messieurs ont pris panique : ils ne savaient plus quoi lui dire.

L’oncle Cu leur demandait de rester immobiles, ne pas retirer leurs mains de la table, car l’esprit risquerait de nous quitter, puis il lui adressa rapidement la parole : " S’il vous plait, ne partez pas, permettez-moi de vous adresser quelques mots. Maintenant, en attendant de trouver un moyen pour mieux nous comprendre, il suffit de faire deux bruits pour dire : oui, d’accord ; et un bruit veut dire : non, ce n’est pas cela. "

De suite, l’esprit émettait deux bruits : ce qui signifiait son acceptation.

Ensuite, l’oncle Cu lui proposait : « Si nous nous entendons selon la méthode suivante, nous allons mieux nous communiquer. Pour répondre à mes questions, vous n’avez qu’à émettre des bruits en suivant les lettres de l’Alphabet, et vous arrêter à la lettre que vous désirez,  en prenant donc en considération la dernière lettre ; nous continuerons les autres lettres ainsi de suite et nous ferons la lecture de l’ensemble en les assemblant, tout comme le morse. »

L’esprit faisait cogner de suite deux bruits ( d’accord)

Ainsi convenu, la table émettait ses bruits pendant que l’oncle Cu lisait. Mais, comme dans toutes choses, une certaine confusion compliqua nos tâches au début ; des fois ayant dépassé les vingtaines de lettres de l’Alphabet, mais la table persistait à cogner. On voyait mon oncle s’énerver, mais il expliquera encore une fois sa méthode. J’ai eu vraiment pitié de l’âme errante, et de la compassion pour ces messieurs. Ils avaient tant désiré se communiquer avec l’au-delà pour se peiner ainsi.

Par bonheur, on a assimilé la méthode ;  l’oncle Cu parcourait les lettres de a, b, c, …d, … jusqu’à la lettre L, le bruit s’est arrêté. Il demandait à Cao hoai Sang de retenir cette lettre pour l’assembler plus tard avec les autres. La table s’est mise alors à cogner de nouveau, de a, b, c… Jusqu’à la lettre U, la table cessa son bruit ; ainsi de suite jusqu’aux trois mots : 

"LUONG CAO QUYNH ".
Ayant obtenu ces mots, ces messieurs ont laissé exploser leur joie en riant. Dès que le silence est revenu, l’oncle Cu demandait à l’esprit : " si vous êtes bien Cao Quynh Luong, vous devrez connaître les personnes ici présentes : donnez-nous le nom de chacun pour voir ".
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