On nous reproche de nous absorber inutilement dans de longues prières,
alléguant que le temps consacré à cette obligation devrait être mieux employé.
Nous reconnaîtrions volontiers le bien-fondé de ce reproche, si les prières
que nous pratiquons consistaient
en une récitation monotone de mots
intelligibles d'où serait exclue la pensée du cœur. Mais pratiquée avec
intelligence et ferveur, énergique et remplie d'onction, la prière, acte de
foi, est non seulement un acte d'adoration, mais encore une élévation de notre
cœur, un élan de notre âme vers l'Être Suprême.
Dans l'état actuel de leur évolution religieuse, la masse des fidèles
caodaïstes ont besoin d'acquérir une volonté telle qu'elle leur permettre de
résister aux tensions matérielles en toutes les circonstances,et de s'entourer
d'une ambiance pure, qui écarte d'eux les idées mauvaises et les influences
inférieures de l'espace.
Cette volonté, pour être efficace, doit être soutenue par la foi. Or la
pratique répétée de la prière affermit en eux cette foi si précieuse, en même
temps qu'elle leur permet de s'attirer,
par la pureté de leur cœur, les forces protectrices de l'Au-delà.
D'autre part, il n'ya rien de plus ravissant, de plus sublime que de
rentrer en -dedans de soi-même, oubliantchaque jour, pour quelques heures de
prière fervente, les affaires et le monde pour élever sa pensée vers Dieu avec
Qui on traite seul à seul.
Tel est le but de la prière, qui doit être journellement pratiquée par les
simples fidèles. Demain, élevés à un degré supérieur d'évolution, ils sauront
la ramener à sa forme abstraite, intérieure : la méditation
Au point de vue invocatoire, nous prions pour les personnes malades,
malheureuses, pour qui nous demandons à Dieu, non la jouissance d'un bien
matériel, d'un intérêt personnel, mais le prompt retour à la santé, ou la
faveur d'un appui moral, occulte, leur permettant de subir, sans faiblesse, une
épreuve ou une conséquence karmique.
Nous prions également pour les esprits souffrants, malheureux, sur qui nous
appelons la miséricorde divine.
Ainsi faite, la prière constitue l'une des pratiques nécessaires au salut
des âmes.
Le culte caodaïste, outre qu'il constitue un acte d'adoration, renferme un
symbolisme qu'à titre de simple indication, nous allons expliquer sommairement
à nos lecteurs.
La disposition de l'autel, tel que l'a décrit M.G.Coulet, n'est que le
symbole de la fusion dans l'unité des cinq branches de la Grande Voie ( Ngu Chi
Dai Dao). Mais les objets cultuels, les offrandes, etc...portent un cachet
secret, un sens symbolique.
LES OBJETS CULTUELS.- Au
milieu de l'autel, est tenu constamment allumée une lampe à verre sphérique
(Thai Cuc Dang) symbolisant la monade Universelle (Thai Cuc).
A l'origine des âges, l'Univers, croyons-nous, était constitué par la
Monade, qui est l'Âme Universelle, la
Forme Non-Manifestée de Dieu.
Par ses manifestations, la Monade présenta successivement ses deux Aspects mâle et fermelle (Luong
Nghi) (C'est, d'après les théosophes, la première grande séparation entre
l'Esprit et la Matière) représentés sur l'autel par deux feux allumés (Luong
Nghi Quang).
LES OFFRANDES.- Les offrandes de fleurs, d'alcool et de thé
symbolisent respectivement les trois éléments constitutifs de l'être humain: le
Tinh, le Khi et le Than.
Le Tinh, ainsi que son nom l'indique, est l'essence de toutes les matières,
le sperme cosmique, sans lequel aucune vie ne saurait se manifester. C'est
l'énergie sexuelle de l'homme et de l'animal, la vertu germinative de la
plante. Par son évaporation, le Tinh, qui réside dans l'homme, constitue la
partie grossière du périsprit. Il est au corps périsprital ce que la chair est
au corps physique.
Le Khi, qui litéralement veut dire souffle, air, est chez l'homme la santé,
la force, l'énergie vitale. C'est, dans le périsprit, l'agent qui unit l'âme au
corps physique qu'il vivifie.
Le Than, principe intelligent, est double chez l'être humain : le mental
supérieur (duong-than ou hon) est l'Esprit divin dans l'homme ; le mental
inférieur (âm-thân ou phach) est la partie la plus subtile du périsprit.
Convertir l'énergie sexuelle en énergie vitale (luyen tinh hoa khi)
l'énergie vitale en énergie mentale (luyen khi hoa than), l'énergie mental en
force spirituelle (luyen than huon hu), tel est le processus de la purification
mystique des trois éléments constitutifs de l'être humain.
Quant aux bâtons d'encens que nous brûlons à chaque cérémonie, ils sont
invariablement au nombre de cinq. Or, ce nombre symbolique représent les cinq
degrés de l'Initiation :
1.- Gioi huong : la pureté (Shila)
2.- Dinh huong
: la méditation (Dhyna)
3.- Hue huong
: la sagesse (Prajna)
4.- Tri kien huong : la connaissance supérieure
(Djnana)
5.- Giai thoat huong : la libération karmique
(Apavarga).
Pour être admis au seuil de l'Initiation, la première condition pour
l'adepte est la pureté sous toutes ses formes: pureté du corps, de l'acte, du
langage,de la pensée.
Une fois le seuil franchi, il s'applique à la méditation. Par cet exercice
spirituel, l'adeptedont la pensée et les sensations s'isolent du monde des
sens, élève son âme vers le Soi Supérieur, avec lequel il la met en rapport
intime. Dans le tête-à-tête de ce receuillement intérieur porté jusqu'à la plus
complète abstraction et où l'âme humaine cherche à s'identifier avec l'Âme
universelle, les vérités luisent peu à peu dans l'esprit de l'adepte sans que
rien au monde ne puisse le leurrer d'apparences illusoires.
Dans une mesure plus grande, je dois monter, et je me sens satisfait du
succès de la connaissance suprême, qui vous fait percevoir toutes les âmes que
vous aimez, sans le moindre effort, l'ensemble du passé et de l'avenir. Dans
cet état de sagesse suprême, il peut contempler, Lumière divine, lumière qui
purifie, illumine et béatifie. Devant lui, ouvre alors la voie du salut: la
libération karmique.
LE CAODAÏSME et LA LIBERTE DE
CONSCIENCE
L'Homme, à quelque nation et à quelque classe sociale qu'il appartienne, se
reconnaît-il le droit de penser selon sa propre intuition ? Certes, toutes les
institutions démocratiques y répondent par l'affirmative.Il faut reconnaître
cependant que la conquête de ce droit a coûté à l'homme plus d'un sacrifice. Le
célèbre philosophe Italien Giordano Bruno fut brûlée à Rome pour avoir proclamé
la liberté de la pensée. Son sublime dévouement à la cause démocratique est un
bel exemple pour les penseurs de tous les pays ; ainsi, s'établit dans le monde
la libre pensée, mère de la tolérance.
L'Intolérance, on le sait, a été la cause d'affreux conflits, d'abominables
persécutions, qui remplissent en lettres de sang, les pages de l'Histoire des
Religions.
Il est des moments de l'esprit humain où le besoin de croire à la Divinité
devient une nécessité impérieuse. L'homme , dès qu'il est conscient de son
origine céleste et du but de ces pérégrinations terrestres, cherche, selon la
foi, son salut dans la doctrine qu'il embrasse. Il ne demande qu'à adorerson
Dieu dans la paix et le silence et dans la mesure compatible avec le maintien
de l'ordre public. Ne serait-ce pas un crime de troubler sa conscience ?
A son début, le Caodaïsme, malgré la neutralité administrative pour
laquelle nous tenons à rendre un respectueux hommage au Gouvernement local en
la personne de M.Blanchard de la Brosse, fut l'objet d'attaques passionnées de
la part de ses adversaires et de vexations souvent tracassières de celle de
certains agents administratifs trop portés, hélas ! à devancer ou à mal
comprendre les ordres de leurs chefs.
Avec la sérénité de l'âme, qui n'a rien à se reprocher, le Caodaïsme
répondit aux uns comme aux autres par le silence et l'humilité. C'est là sa
faiblesse et sa force; c'est aussi sa ligne de conduite dont, à aucun prix, il
ne se départira.
Je l’ai très bien fait: je respecte l’autre côté de l’histoire quand il
n’ya aucun changement dans la nature de la conduite, du fanatisme et de
l’hérésie. Sans être un polythéiste de fait, et le principaut estpe, en dehors
de l'adoration officielle du God Suprême, il permet à ses fidèles le retour
libre d'autres dieux qui connaissaient son cœur. Si, malheureusement, dans des
circonstances exceptionnelles, il est impossible de réprouver les praticiens de
certaines religions d’avoir donné la sainte doctrine de leurs fondateurs, et si
nous continuons à prononcer la parole, au point qu’elle soit désobéissante à la
rencontre des derniers jours, Je considère, en principe, comme étant d'haute
émanation divine.
Enfin, le Caodaïsme ignore l'esprit étroit de race et les patries
terrestres, qu'il confond dans l'Unité divine qui embrasse tout l'univers. Il
admet comme universelle toute religion fondée sur les révélations de la
conscience et du cœur ou sur la nature psychique de l'individu et sur les sentiments
d'amour et de solidarité de la société humaine. Il tend ainsi à synthétiser
tous les systèmes religieux et philosophiques, auquels il emprunte les
enseignements qui touchent de plus près à la vérité pour en former un corps de
doctrine capable de satisfaire au besoin de certitude métaphysique des âmes
contemporaines...
Ces considérations exposées, il nous est permis d'espérer que grâce au
Caodaïsme et aux autres systèmes d'éclectisme, les deux courants si opposés de
pensées d'Orient et d'Occident se rencontreront un jour dans une doctrine
commune, d'où découleront un amour et une confiance réciproques entre les deux
races qui, jusqu'ici, se croyant différentes à cause de la couleur de leur
épiderme, ont le grand tort de nourrir l'une envers l'autre des sentiments de
méfiance.
L'AMOUR UNIVERSEL
Par amour universel (bac ai), nous entendons l'amour sincère et
miséricordieux de tout ce qui a vie.
C'est la fraternité envers tous les hommes sans distinction et la bonté envers
tous les membres du règne animal et du règne végétal.
I. - FRATERNITÉ HUMAINE
Toutes les religions sont d'accord pour reconnaître l'Unité Divine,
qu'elles conçoivent chacune selon le degré de leur évolution spirituelle. Que
les hommes soient une émanation divine selon les unes, ou le résultat d'une
création selon les autres, il n'en demeure pas moins vrai qu'il proviennent
tous d'une même source spirituelle unique que le langage humain, pour
l'exprimer, a plus ou moins imparfaitement appelée : Dieu, Brahma, Jéhovah,
Ngoc Hoang Thuong De, etc... Partant de ce principe, nous en arrivons à
proclamer que tous les hommes sont frères, quelle que soit la race à laquelle
ils appartiennent. Comme tels, ils ont les uns à l'égard des autres, des
obligations, des devoirs qui découlent de la fraternité. Qu'est-ce que la
fraternité ? C'est le lien d'amour, qui lie entre eux tous les hommes reconnus
comme membre de la famille universelle. Mais dans la société humaine
actuellement si divisée, la fraternité, qui devrait s'étendre à tous les hommes
sans restriction, est souvent contrariée par des sentiments d'orgueil ou
d'égoïsme. De-là, les préjugés de races, les haines et les luttes de castes,
source de tant de maux sous le poids desquels gémit l'espèce humaine.
Il importe donc, pour le bien de l'humanité meurtrie et souffrante, que
tous les hommes oublient leurs intérêts personnels pour ne penser qu'à ceux de
la collectivité ; qu'ils se tolèrent dans toutes les manifestations de la
pensée et de la foi; qu'il montrent enfin les uns aux autres, la plus large
indulgence. On pourra objecter qu'en l'état actuel de la mentalité humaine,
plus portée à l'égoïsme qu'à l'altruisme, parler de fraternité universelle
équivaudrait à rêver d'utopie. Cette objection est malheureusement plausible et
restera telle, tant que l'homme se concevra comme corps plutôt que comme
esprit "car, dit Annie Besant, la
matière croît en prenant autour d'elle, en s'appropriant constamment ce qui lui
est extérieur et en l'incorporant à ce qu'elle possède déjà. Les choses
matérielles s'usent et finalement périssent à l'usage, et comme leur quantité
est limitée, que ceux qui en désirent la
possession sont nombreux, les luttes s'élèvent entre ces derniers. Le gain, la
possession sont en effet la condition du sucès matériel.
"Mais quand l'homme commence à se concevoir comme esprit plutôt que
comme corps, il comprend que partager et donner sont les conditions de la
croissance et de la puissance. Les richesses spirituelles s'accroissent en
effet à l'usage ; elles ne périssent loit ; lorsqu'elles sont données elles se
multiplient ; lorsqu' elles sont partagées, leur possession, leur assimilation
n'en deviennent que plus complètes. La fraternité doit avoir ses racines dans
l'esprit et se répandre au-dehors, à travers les domaines de l'intellect et de
l'émotion, pour enfin s'affirmer dans le mode matériel. Elle ne pourra jamais
être établie par les lois imposées du dehors, elle doit triompher par l'Esprit
s'épanchant du dedans ".
Un jour, le roitelet Cung Vuong de la principauté de So (Une des principautés
de l'Empire du Milieu, du temps de Confucius) perdit une arbalète à la chasse.
Ses officiers d'ordonnance s'apprêtaient à aller la chercher, lorsque Cung
Vuong les emprêcha en leurs disant : "A quoi bon la chercher? Sachez que
nous en perdons rien à ce qu'une arbalète égarée par un habitant de So soit
bientôt retrouvée par un autre habitant de la même principauté".
Confucius, ayant appris ces paroles, les commenta : " Quelle limitation
regretable dans les sentiments de fraternité de Cung Vuong ! N'aurait-il pas
mieux fait de dire : un homme a perdu une arbète et un autre homme la
retrouvera". Ainsi exprimée, la conception de la fraterniré humaine par le
grand philosophe chinois apparaît bien plus belle, plus saisissante dans sa
forte concision.
II.-BONTÉ ENVERS LES ANIMAUX
Puisque nous sommes tenus à des devoirs de fraternité envers les hommes,
qui sont nos frères dans la famille universelle, nous avons égalements des
devoirs de bonté envers les animaux qui, eux aussi, sont nos frères encore
arriérés sur la voie de l'évolution.
Nous devons donc soigner ceux qui sont dressés à notre service, les traiter
avec douceur et éviter de les faire souffrir inutilement. Toute vie animale
doit être respestée autant que possible ; car, en y portant atteinte, nous
retardons l'évolution de la victime. Aussi tout Caodaïste concient de ses
devoirs se soumet-il au régime végétarien pour éviter de se faire complice des
crimes multiples journellement commis au préjudice de ses frères inférieurs.
"Entre la pitié envers les bêtes et la bonté d'âme, dit Schopenhauer,
il y a un lien étroit : on peut dire sans hésiter, quand un invidu est méchant
pour les bêtes qu'il ne saurait être homme de bien ".
III.- BONTÉ ENVERS LES PLANTES
Nul n'ignore les services que nous rendent les arbres de toute espèce.
Bienfaiteurs silencieux de l'homme, ne blâmant ni son ingratitude, ni sa
cruauté, ils abritent indifféremment, de leur ombrage, tous ceux qui viennent
s'asseoir à leur pied, le voyageur fatigué aussi bien que le bûcheron méchant.
Le santal dit-on, parfume la hache qui le frappe.
Les plantes constituent une véritable pharmacie naturelle où nous puissons
toutes sortes de panacées propres à guérir nos maux. Que de leçons de bonté et
de sacrifice ne pouvons nous pas en tirer à notre profit !
Les récentes expériences scientifiques de Sir Bose, un savant de l'Inde,
ont démontré que les plantes vivent comme l'homme, que quelques unes, et
particulièrement la sensitive, possèdent un système nerveux plus sensible que
le nôtre aux impressions physiques. Que pensons-nous alors de celui qui s'amuse
à casser une branche à un arbre ou à déraciner une plante ? Si les nécessités
de la vie matérielle nous obligent à user des végétaux, la bonté que nous
devons à l'égard de ces "candidats à l'animalité" nous recommande de
ne jamais les mutiler, ni les détruire inutilement.
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